Alors que la NBA multiplie les liens avec les Emirats arabes unis, cette stratégie soulève des questions. L’organisation Human Rights Watch met en garde contre une utilisation du sport à des fins de “lavage d’image”, ou “sportswashing”.
Des matchs et des partenariats qui ne passent pas inaperçus
Depuis 2022, la ligue américaine de basketball organise des matchs de pré-saison à Abou Dhabi. Cette année, la NBA Cup, compétition annuelle, est parrainée par la compagnie Emirates de Dubaï. Une alliance qui interpelle Human Rights Watch.
Ces matchs font partie des efforts déployés par le gouvernement des Emirats pour détourner l’attention des nombreuses violations des droits de l’homme commises dans le pays et à l’étranger.
Human Rights Watch
Un pays pointé du doigt pour les droits humains
Selon l’ONG basée à New York, les Emirats sont régulièrement épinglés pour leurs manquements en matière de droits humains :
- Soutien présumé à des groupes paramilitaires au Soudan, pays en proie à une grave crise humanitaire
- Politique de “tolérance zéro” envers toute dissidence sur le territoire émirati
- Système de parrainage “abusif” pour les travailleurs migrants
- Procès de masse controversés ayant mené à de lourdes peines de prison
Autant d’éléments qui font dire à Human Rights Watch que les Emirats cherchent à promouvoir une image d’ouverture et de tolérance en contradiction avec la réalité du terrain.
Le sport comme outil de soft power
Ce petit État du Golfe n’est pas le seul à miser sur le sport pour redorer son blason. La Chine, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar, hôte du dernier Mondial de football, ont souvent été pointés du doigt pour ces pratiques.
En multipliant les événements sportifs de haut niveau, de la Formule 1 au golf en passant par le football avec le rachat de Manchester City, les Emirats espèrent gagner en influence sur la scène internationale. Une stratégie payante ?
La NBA prise entre deux feux
Pour la NBA, il s’agit d’un équilibre délicat à trouver. D’un côté, ces partenariats permettent à la ligue de s’implanter durablement dans une région stratégique et d’y développer sa marque.
Mais de l’autre, le risque est grand de voir son image écornée par association avec un pays régulièrement montré du doigt pour son non-respect des droits humains. Un dilemme que de plus en plus de fédérations et de sportifs sont amenés à affronter à mesure que le sport devient un enjeu géopolitique majeur.
Face à ces critiques, les autorités émiraties n’ont pour l’heure pas réagi, se contentant de nier toute implication dans le conflit au Soudan. Mais le débat est lancé. Jusqu’où les instances sportives peuvent-elles aller dans leur recherche de nouveaux marchés ? La question mérite d’être posée.