Samedi matin vers 10h40, un fracas assourdissant a résonné dans les gorges de Ponserand, en Savoie. Trois énormes blocs rocheux, pesant plusieurs tonnes chacun, se sont détachés de la paroi montagneuse surplombant la Nationale 90, l’axe principal menant aux grandes stations de ski de Tarentaise comme Tignes, Val d’Isère ou Les Arcs. Sous le choc, la chaussée a été pulvérisée, rendant toute circulation impossible.
Par un heureux hasard, un seul véhicule a été touché lors de l’éboulement. Son conducteur a été légèrement blessé mais a pu être pris en charge rapidement par les secours. En revanche, des centaines d’automobilistes ont été pris au piège derrière les amas de roches, coincés pendant de longues heures dans l’attente d’une solution.
Hébergements d’urgence pour les vacanciers bloqués
Face à cette situation exceptionnelle, le préfet de Savoie a rapidement pris les choses en main. Dans un communiqué, il a invité « toutes les personnes actuellement sur la route et dans l’incapacité de faire demi-tour à trouver un hébergement pour la nuit dans les communes avoisinantes ». Les offices de tourisme et mairies des environs se sont mobilisés pour recenser les places disponibles en hôtels, gîtes et chambres d’hôtes afin d’accueillir au mieux les voyageurs égarés.
Des navettes ont été mises en place pour acheminer les automobilistes vers les hébergements proposés. La solidarité s’est également organisée via les réseaux sociaux, de nombreux particuliers proposant gracieusement un toit pour dépanner. Une belle chaîne d’entraide pour réconforter des vacanciers dont le séjour à la montagne a pris une tournure inattendue.
L’armée réquisitionnée pour déblayer les tonnes de roches
Les services de l’État et le conseil départemental, gestionnaire de la RN90, se sont immédiatement attelés à dégager la route pour rétablir la circulation au plus vite. Mais l’ampleur de la tâche est colossale. Le volume de roches à évacuer est estimé à plusieurs milliers de mètres cubes, nécessitant des moyens exceptionnels.
Des unités du génie de l’armée de Terre ont été dépêchées en renfort, avec d’imposants engins de chantier pour attaquer le déblaiement. Objectif : libérer au moins une voie de circulation en urgence pour permettre aux automobilistes bloqués de repartir et aux secours de passer si nécessaire. Mais selon les autorités, il faudra plusieurs jours pour retrouver des conditions normales de trafic.
C’est du jamais vu ! On a bien eu des chutes de pierres ici ou là, mais trois blocs de cette taille d’un coup, c’est une première. La route est défoncée sur des dizaines de mètres, ça va être très long à réparer. Heureusement il n’y a pas de victime grave, c’est déjà ça…
Un agent de la DIR, la Direction Interdépartementale des Routes
Une catastrophe naturelle aux lourdes conséquences
Si l’origine de l’éboulement reste à déterminer précisément, il semblerait que l’alternance de périodes de gel et de redoux ces dernières semaines ait fragilisé la roche, provoquant son décrochage soudain. Un phénomène difficile à anticiper mais qui pourrait se reproduire ailleurs dans les Alpes, forçant les autorités à renforcer la surveillance.
Au-delà du casse-tête logistique pour rétablir la route au plus vite, c’est toute l’économie locale qui pourrait souffrir de ce coup du sort. La Tarentaise et ses stations de sports d’hiver, moteurs touristiques de la Savoie, voient une partie de leur clientèle privée d’accès en pleine période de forte affluence. Un manque à gagner potentiellement important, surtout après une saison déjà compliquée par la crise sanitaire.
On a déjà des annulations en pagaille, les gens ont peur de ne pas pouvoir venir ou repartir à cause de la route coupée. Si ça dure, ça va être une catastrophe économique en plus d’être une catastrophe naturelle !
La gérante d’une résidence de tourisme à Tignes
Cet événement rappelle la vulnérabilité de ces vallées alpines, pour beaucoup entièrement dépendantes du trafic sur un axe unique comme la RN90 en Tarentaise. Des voix s’élèvent d’ailleurs pour réclamer des itinéraires alternatifs, afin de ne plus être totalement à la merci d’une route qui, en quelques secondes, peut ainsi être coupée du monde par les caprices de la montagne.
Une leçon de la Nature qu’il faut savoir écouter
Cette mésaventure montre une nouvelle fois que malgré tous nos efforts pour dompter la montagne, pour la rendre accessible et praticable, la Nature garde toujours le dernier mot. Un éboulement soudain vient semer le chaos et nous rappelle notre petitesse, notre fragilité face aux éléments.
Ces blocs qui se détachent, c’est la montagne qui reprend ses droits. Elle nous montre qui est le patron. On a beau faire des routes, des tunnels, sécuriser, à la première intempérie un peu sérieuse, tout peut s’effondrer et nous bloquer. La montagne n’est pas à nous, on ne fait qu’y passer.
Un guide de haute montagne philosophe
Au-delà des dégâts matériels, cet épisode un peu fou nous offre un vrai moment de prise de conscience. L’humilité face aux éléments est une qualité essentielle pour apprécier la beauté de la montagne sans la dénaturer. Plutôt que de vouloir toujours plus la modeler à notre image, laissons-la vivre et évoluer naturellement. Apprenons à composer avec elle, sans la contraindre.
Les skieurs bloqués ce samedi l’ont appris à leurs dépens : la montagne se laisse approcher, mais il ne faut jamais oublier qui commande. Un enseignement à méditer, pour mieux profiter de ce cadre exceptionnel sans lui faire violence. La route est coupée ? Prenons le temps de contempler ces blocks tombés du ciel, témoins d’une force qui nous dépasse et qui mérite tout notre respect.
