En l’espace de seulement deux jours, les djihadistes et leurs alliés ont réussi un coup de force spectaculaire en prenant le contrôle de la moitié de la ville d’Alep, deuxième plus grande ville de Syrie. Cette percée éclair met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest du pays et fait craindre une déstabilisation majeure de la région.
Une offensive foudroyante
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et ses alliés ont lancé leur assaut depuis leur bastion d’Idlib il y a deux jours. Leur progression a été tellement rapide que les forces gouvernementales syriennes se sont retirées de certaines positions, comme la citadelle historique d’Alep, sans même combattre.
En seulement 48 heures, les assaillants ont réussi à s’emparer de la moitié de la ville, atteignant des quartiers où leur présence semblait inimaginable il y a encore quelques jours. Des témoins font état de scènes de panique parmi la population.
Des combats d’une rare violence
L’OSDH indique que ces combats sont les plus violents dans la région depuis 2020. En deux jours, au moins 227 personnes ont perdu la vie dans les affrontements, qui se poursuivent avec une intensité rare.
Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons les roquettes et des obus d’artillerie tout le temps, et parfois les avions.
– Sarmad, habitant d’Alep
L’aviation syrienne a mené des raids aériens intensifs tandis que l’aviation russe a annoncé qu’elle bombardait des groupes « extrémistes ». L’armée syrienne assure avoir repoussé l’offensive mais a dû déployer d’importants renforts.
Un calme précaire qui vole en éclats
Depuis l’instauration d’un cessez-le-feu parrainé par la Russie et la Turquie en 2020, le nord de la Syrie bénéficiait d’un calme précaire. Cette accalmie relative a volé en éclats avec la spectaculaire percée des djihadistes, qui remet en question les fragiles équilibres dans la région.
Selon certains analystes, le régime syrien pourrait pâtir de l’affaiblissement du Hezbollah libanais, son allié, qui est actuellement très mobilisé par le conflit avec Israël au Liban.
Des conséquences potentiellement dévastatrices
Au-delà de la situation militaire à Alep, cette offensive pourrait avoir des répercussions majeures dans toute la Syrie et la région :
- Elle montre la capacité des djihadistes à frapper fort malgré des années de guerre.
- Elle met en difficulté le régime de Bachar al-Assad au moment où certains de ses soutiens sont affaiblis.
- Elle ravive les souffrances des populations civiles prises entre les feux.
- Elle pourrait déclencher un nouvel exode de réfugiés vers les pays voisins.
La communauté internationale, et notamment la Russie en tant que parrain du cessez-le-feu, devront réagir rapidement pour éviter que la situation ne dégénère davantage. Mais dans un contexte régional tendu, avec les violences au Liban voisin, les options semblent limitées.
En attendant, les habitants d’Alep redoutent de revivre les pires heures d’une guerre civile dévastatrice dont ils pensaient s’être extraits. Beaucoup craignent de devoir fuir à nouveau leur foyer pour échapper aux violences.
Cette prise de contrôle de la moitié d’Alep par les forces djihadistes et rebelles est un développement majeur et très préoccupant. Elle illustre la fragilité persistante de la situation en Syrie et les risques de déstabilisation brutale, malgré des périodes de calme apparent. L’évolution de la bataille d’Alep dans les prochains jours sera déterminante, non seulement pour le sort de la ville et de ses habitants, mais potentiellement pour l’avenir de la Syrie et l’équilibre géopolitique régional.