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La Marianne d’Obey : Un Symbole Disputé entre Politique et Art

La Marianne d'Obey, créée comme symbole antifasciste, se retrouve au cœur d'une polémique en France. Entre art engagé et récupération politique, découvrez les enjeux de cette controverse qui interroge sur la place des symboles dans notre société.

Quand l’art rencontre la politique, les frontières deviennent floues et les symboles se chargent de multiples significations. C’est le cas de la Marianne d’Obey, une œuvre street art devenue l’objet d’une vive polémique en France. Retour sur une controverse qui interroge sur la place de l’art dans le débat public et les limites de la récupération politique des symboles.

La Marianne d’Obey, de l’hommage artistique au manifeste politique

À l’origine, la Marianne d’Obey est née sous le pinceau de l’artiste américain Shepard Fairey, célèbre pour son portrait Hope de Barack Obama. Créée en 2015 en hommage aux victimes des attentats, cette Marianne au style Art nouveau, portant fièrement les couleurs du drapeau français, se voulait un symbole universel de fraternité et de solidarité. Une fresque monumentale a même été réalisée sur un mur du 13ème arrondissement de Paris.

Mais rapidement, cette Marianne « antifasciste » comme la qualifie son créateur, va faire l’objet d’appropriations diverses. Éditée en sérigraphie puis en poster, elle devient un motif populaire, disponible en open source. Un symbole aux multiples visages qui n’appartient à personne et donc à tout le monde.

Quand la Marianne s’invite à l’Élysée et au RN

C’est d’abord Emmanuel Macron qui va s’emparer du symbole. Une reproduction grand format de la Marianne d’Obey trône dans son bureau lors de sa première interview télévisée à l’Élysée en 2017. Un choix artistique pour certains, une récupération politique pour d’autres. Le propriétaire de l’œuvre, un soutien de Macron, parle d’un « prêt » et non d’un « don ».

Mais récemment, c’est le Rassemblement National qui s’est emparé de l’image. Jordan Bardella, président du RN, a affiché la Marianne d’Obey en évidence dans deux de ses vidéos de campagne. Un pied de nez assumé à la gauche « antiraciste » et une façon de revendiquer les valeurs républicaines.

L’extrême droite détourne de son sens une image qui symbolise la fraternité et le vivre-ensemble, pour lui faire dire tout autre chose, le repli nationaliste.

– Shepard Fairey, créateur de la Marianne d’Obey

Un symbole de la République vandalisé

Autre épisode de cette saga : le vandalisme de la fresque Marianne dans le 13ème arrondissement. En décembre 2020, en plein débat sur la loi « sécurité globale », des activistes peignent des larmes de sang sur le visage de Marianne et raient la devise républicaine. Un acte politique symbolique pour dénoncer les atteintes aux libertés. L’artiste décidera d’ajouter une larme bleue à sa Marianne lors de la restauration, signe de son engagement contre les injustices.

L’art peut-il échapper à la politique ?

Au final, cette polémique autour de la Marianne d’Obey pose la question de la place de l’art dans l’espace public et politique. Un artiste peut-il empêcher la récupération de son œuvre ? Les symboles appartiennent-ils à ceux qui les créent ou à ceux qui se les approprient ? La liberté d’expression artistique peut-elle s’affranchir du débat politique ? Autant de questions qui montrent que l’art est toujours pris dans un réseau de significations qui le dépasse.

Une chose est sûre : en faisant de Marianne un motif populaire et partagé, Shepard Fairey a permis à ce symbole de la République de retrouver une place centrale dans le débat public. Que cela lui plaise ou non, sa Marianne est devenue le visage d’une France qui s’interroge sur son identité et ses valeurs. L’art a cette capacité à bousculer les lignes et à nous faire réfléchir sur nous-mêmes. C’est tout le sel de cette polémique qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

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