Destination touristique de premier plan, Nice attire chaque année des millions de visiteurs, séduits par son littoral, son climat et son patrimoine. Mais cette attractivité a un revers : la prolifération des locations saisonnières type Airbnb, qui représentent désormais 13 600 logements, soit 6% du parc total. Un phénomène qui n’est pas sans conséquence sur le marché immobilier local et l’accès au logement pour les Niçois.
La mairie prend des mesures pour réguler les locations Airbnb
Face à cette situation préoccupante, la municipalité a décidé d’agir. Lundi dernier, le conseil municipal a adopté à l’unanimité une délibération visant à durcir la réglementation sur les locations de courte durée. Mesure phare : la limitation de la durée des autorisations temporaires à un an, contre six actuellement.
Nous ne voulons pas que des quartiers soient uniquement des quartiers de valises à roulettes, autrement dit des cités-dortoirs où il n’y aurait plus de vie mais seulement du tourisme.
Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice
Vers des quotas dans les secteurs les plus touchés
Dès l’adoption par le Parlement de la loi transpartisane sur ce sujet, la mairie compte aussi mettre en place des quotas dans les secteurs les plus concernés par les locations saisonnières, et ce dès le premier logement. Les autorisations ne seront par ailleurs plus tacitement renouvelables et pourront être suspendues en cas de nuisances avérées.
L’enjeu de l’accès au logement pour les habitants
Pour l’opposition, qui a voté la délibération, l’objectif est clair : il faut préserver l’accès au logement pour les Niçois, mis en difficulté par la raréfaction des biens disponibles à la location à l’année. Dans les quartiers les plus touristiques, les meublés représentent jusqu’à 70% de l’offre et le nombre d’habitants diminue, alors même que la ville gagne globalement en population.
Le sujet central doit être le Niçois, qui n’arrive plus à se loger dans sa ville faute de logements disponibles.
Jean Moucheboeuf, conseiller municipal (Reconquête!)
Des mesures déjà prises par le passé
La ville de Nice n’en est pas à son coup d’essai en matière de régulation des meublés touristiques. Elle a déjà durci les règles sur les changements d’usage, mis en place un dispositif pour encourager la location mixte (à des étudiants pendant l’année universitaire et aux touristes l’été) ou encore interdit les boîtes à clés. Mais force est de constater que cela n’a pas suffi à endiguer le phénomène.
L’ampleur du phénomène Airbnb à Nice en chiffres
Quelques données clés sur les locations saisonnières à Nice :
- 13 692 annonces en 2022, pour 5,7 millions de nuitées
- 6% des logements sont des meublés de tourisme (contre 3% à Paris ou Marseille)
- Les quartiers les plus touristiques concentrent 70% de l’offre
- Les offres de meublés sont 7 à 10 fois supérieures aux locations à l’année
La nouvelle réglementation adoptée par la ville de Nice constitue donc une étape supplémentaire pour tenter de réguler les locations Airbnb et préserver l’accès au logement. Mais le chemin est encore long et il faudra sans doute des mesures plus contraignantes, au niveau national, pour véritablement inverser la tendance. En attendant, les Niçois continueront de subir les effets de la “airbnbisation” galopante de leur cité.