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La lutte contre le VIH en RDC : l’impact des “podi” bénévoles

En RDC, les "podi", postes de distribution des traitements anti-VIH gérés par des bénévoles séropositifs, révolutionnent l'accès aux soins. Retour sur une initiative qui change la vie des patients et inspire d'autres pays.

Au cœur de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), se cache un réseau de solidarité extraordinaire. Nichés au bout d’allées discrètes, les “podi” – postes de distribution communautaires – accueillent chaque jour des centaines de patients atteints du VIH. Mais ici, pas de blouses blanches : ce sont des bénévoles séropositifs eux-mêmes qui gèrent l’approvisionnement en traitements antirétroviraux (ARV) et prodiguent soutien et conseils à leurs pairs.

Une initiative née de la solidarité entre malades

L’idée des podi a germé il y a une vingtaine d’années, au sein des premiers groupes de parole de séropositifs à Kinshasa. André Sukadi, président du Réseau national des organisations à assise communautaire (RNOAC), se souvient :

Nous nous réunissions pour partager nos expériences de vie avec le VIH. Ceux qui se sentaient les plus forts avaient à cœur d’aider les plus fragiles. Le sida tuait beaucoup à cette époque.

– André Sukadi, président du RNOAC

En 2004, ces organisations communautaires se fédèrent en créant le RNOAC. Trois ans plus tard, elles obtiennent le statut d’ONG et l’habilitation à ouvrir le premier podi en 2010, avec le soutien de Médecins sans Frontières.

Un modèle qui améliore l’accès aux soins

Contre la stigmatisation et pour un meilleur suivi, les podi misent sur la proximité et la confiance. Dans ces petites structures, tenues par des bénévoles aguerris et ouverts sur leur séropositivité, les patients se sentent compris et épaulés.

Au fil des années, les podi ont permis de désengorger les hôpitaux en prenant en charge les malades stabilisés. Aujourd’hui, 18 podi suivent plus de 13 000 patients adultes à travers le pays. Outre la distribution des ARV, ils assurent le dépistage, le suivi de la charge virale, l’évaluation nutritionnelle et parfois même le planning familial !

Une prise en charge globale et sur-mesure

Les bénévoles des podi sont formés pour adapter les traitements en cas d’effets secondaires ou d’intolérance. Ils dépistent aussi la tuberculose et certaines maladies chroniques. En cas de besoin, ils orientent vers les hôpitaux partenaires.

Le suivi est personnalisé : les “perdus de vue” sont systématiquement recontactés et des visites à domicile sont organisées si nécessaire. Certains patients font même appel à des “dames de confiance” pour récupérer discrètement leurs ARV et éviter la stigmatisation dans leur entourage.

Un modèle inspirant, amené à essaimer

Intégré depuis 2014 au Plan national de lutte contre le sida, le modèle des podi a suscité l’intérêt des autorités sanitaires et s’est exporté dans d’autres pays d’Afrique, avec l’appui du Fonds mondial des Nations unies.

Le RNOAC, qui gère désormais en direct ses financements, ambitionne d’ouvrir un podi dans chacune des 519 zones de santé de RDC. Il souhaite aussi élargir la palette de soins, tout en préservant l’esprit de solidarité et de militantisme qui fait la force des podi depuis leurs débuts. Une belle leçon d’humanité et d’empowerment, au service de la santé pour tous.

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