Depuis plusieurs semaines, le milliardaire Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et X (ex-Twitter), fait l’objet d’une vive polémique autour d’une loterie électorale inédite. Lancée le 19 octobre dernier en Pennsylvanie, un État clé pour la présidentielle de 2024, cette initiative promet un chèque d’un million de dollars chaque jour à un électeur inscrit.
Mais cette opération, ouvertement en faveur du candidat républicain Donald Trump face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris, ne plaît pas à tout le monde. C’est le cas notamment de Larry Krasner, procureur de Philadelphie, qui a engagé une action en justice pour faire cesser ce tirage au sort, qu’il juge illégal et nuisible.
Un procès houleux en l’absence d’Elon Musk
Convoqué ce jeudi matin devant la justice de Pennsylvanie, Elon Musk a brillé par son absence. Ses avocats ont en effet demandé la veille que le dossier soit transféré devant un tribunal fédéral, arguant que les faits reprochés relèvent de questions électorales nationales.
Une manœuvre vivement contestée par le parquet, qui entend bien maintenir l’affaire au niveau de l’État. “C’est un dossier qui porte sur des questions de droit local”, a martelé John Summers, un des représentants du procureur, à l’issue de l’audience écourtée.
13 gagnants et des rappels à la loi
En parallèle de ces débats judiciaires, la loterie continue son petit bonhomme de chemin. Selon l'”America PAC”, l’organisation politique d’Elon Musk en campagne pour Donald Trump, treize signataires de la pétition pro-conservatrice conditionnant la participation avaient déjà reçu leur chèque d’un million de dollars jeudi, dont quatre rien qu’en Pennsylvanie.
Une générosité qui n’est pas du goût de tous, à commencer par le ministère américain de la Justice. Ce dernier a en effet rappelé à l’équipe du milliardaire qu’il était illégal d’offrir une récompense de valeur à un citoyen pour voter ou pour s’inscrire sur les listes électorales. Une mise en garde appuyée par le président Joe Biden en personne, qui a qualifié l’initiative de “totalement déplacée”.
Les peines prévues en cas de violation de la loi électorale peuvent aller jusqu’à des amendes et de la prison.
Ministère américain de la Justice
Des intentions qui interrogent
Au-delà de l’aspect légal, c’est la démarche même d’Elon Musk qui suscite de nombreuses questions. Habitué des coups d’éclat et des polémiques, notamment sur Twitter qu’il a racheté l’an dernier, l’homme d’affaires semble déterminé à peser de tout son poids dans la campagne présidentielle à venir.
Un activisme politique assumed depuis juillet dernier, date à laquelle il a officiellement apporté son soutien à Donald Trump. Mais à quels desseins ? S’agit-il d’une conviction personnelle sincère ou d’un calcul opportuniste pour défendre ses intérêts économiques ? Difficile à dire tant le personnage est complexe et imprévisible.
Une chose est sûre : avec cette loterie électorale sans précédent, Elon Musk a une nouvelle fois réussi son pari, celui de créer le buzz et de s’imposer au cœur du débat public. Reste à savoir si la justice, pennsylvanienne ou fédérale, le laissera aller au bout de son idée. Réponse dans les prochaines semaines, à suivre de près !