Alors que la Libye entame une phase cruciale de reconstruction après des années de conflit, les entreprises françaises se mobilisent pour saisir les opportunités qui s’offrent à elles. Un forum franco-libyen s’est tenu cette semaine à Benghazi, deuxième ville du pays, dans le but de relancer la coopération économique entre les deux pays. L’événement, qui a réuni une trentaine d’entrepreneurs français, marque un tournant historique pour la Libye et ses partenaires internationaux.
La France rattrape son retard en Libye
Selon une source proche du dossier, les entreprises françaises cherchent à rattraper leur retard en Libye, où de nombreux projets de modernisation ont été lancés ces derniers mois. Le pays, divisé par deux gouvernements rivaux depuis 2014, représente un marché prometteur mais complexe pour les investisseurs étrangers.
Lors du forum de Benghazi, deux entreprises françaises ont signé des contrats majeurs :
- Matière, concepteur de ponts, a remporté un appel d’offres pour la construction d’infrastructures dans l’est du pays.
- Sidem (groupe Veolia), spécialiste du dessalement de l’eau, va rénover des usines dans quatre villes libyennes, dont Derna, touchée par une tempête dévastatrice en septembre dernier.
Ces contrats, d’une valeur de plusieurs dizaines de millions d’euros, témoignent de la volonté des entreprises françaises de se repositionner sur le marché libyen malgré les incertitudes politiques et sécuritaires.
Un engagement de long terme en Libye
Pour Olivier Meyruey, directeur pays de Sidem, l’entreprise n’a plus à faire ses preuves en Libye : implantée depuis plus de 50 ans, elle compte bien poursuivre son engagement dans la durée. « Nous croyons au potentiel de la Libye et à sa capacité à se reconstruire », affirme-t-il.
Du côté des autorités libyennes, on se félicite de l’intérêt des entreprises françaises. Belkacem Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar qui contrôle l’est du pays, a salué la signature des contrats franco-libyens :
Ces partenariats contribueront au développement de la Libye et au rapprochement entre tous les Libyens.
Belkacem Haftar, responsable du Fonds de développement et de reconstruction de la Libye
La reconstruction, un défi titanesque
Malgré ces avancées encourageantes, la reconstruction de la Libye reste un défi titanesque. Le pays souffre de fractures politiques profondes et peine à trouver une solution durable à la crise qui le mine depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Les entreprises étrangères doivent composer avec un environnement instable, marqué par les luttes de pouvoir entre factions rivales et la prolifération des trafics en tous genres. Dans ce contexte, le soutien de la communauté internationale apparaît plus que jamais nécessaire pour accompagner la Libye sur le chemin de la paix et de la prospérité.
Vers une relance des relations franco-libyennes ?
Le forum de Benghazi pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dans les relations économiques entre la France et la Libye. Malgré les difficultés, les entreprises françaises semblent déterminées à jouer un rôle clé dans la reconstruction du pays.
Reste à savoir si cette dynamique positive sera suivie d’effets concrets sur le terrain. La stabilisation politique de la Libye constituera sans nul doute un préalable indispensable au retour des investisseurs étrangers et à la relance durable de l’économie libyenne.