Alors que la région de Valence panse ses plaies suite aux terribles inondations qui ont fait plus de 200 victimes cette semaine, un contraste saisissant apparaît. Si le sud de la ville a payé un lourd tribut, le centre a été relativement épargné. La raison ? Une décision drastique prise il y a un demi-siècle suite à une catastrophe similaire : détourner le fleuve Turia qui traversait Valence.
Le détournement salvateur du Turia
Le 14 octobre 1957, Valence subissait déjà des inondations dévastatrices. Le Turia, gonflé par des pluies diluviennes, avait alors fait au moins 81 morts. Pour protéger la ville, les autorités de l’époque avaient alors opté pour une solution radicale : creuser un nouveau lit au fleuve dans la partie sud, composée essentiellement de terres agricoles.
Un chantier titanesque de 10 ans qui a porté ses fruits en 2024. Le cœur de Valence a été cette fois largement préservé. Mais ce choix a eu un revers pour le sud de l’agglomération.
L’urbanisation, facteur aggravant
En 50 ans, ces anciennes zones rurales se sont fortement urbanisées, imperméabilisant les sols. Couplé à un tracé moins sinueux et donc un écoulement plus rapide du Turia détourné, ce bétonnage a décuplé les effets des inondations.
Villes martyres de cet épisode, Sedavi, Picasent ou Paiporta, où l’on déplore 62 morts, ont vu déferler un véritable tsunami sur leurs quartiers les plus bas.
Des leçons à tirer
Si le détournement du Turia a effectivement protégé Valence, il a aussi déplacé le problème. Un constat qui doit faire réfléchir sur l’aménagement du territoire face aux risques climatiques croissants.
On ne peut plus concevoir nos villes et nos campagnes comme il y a 50 ans. Chaque décision doit intégrer les impacts à long terme sur les populations et les écosystèmes.
Un expert en gestion des risques naturels
Parmi les pistes : désimperméabiliser les sols, créer des zones d’expansion des crues, adapter l’habitat et les infrastructures sensibles, mais aussi mieux informer sur les risques.
Un défi pour l’avenir
Avec le réchauffement climatique qui intensifie les épisodes météo extrêmes, les villes doivent repenser en profondeur leur rapport à l’eau et leur résilience. Un défi majeur pour les décennies à venir, qui nécessitera des choix parfois difficiles mais visionnaires, comme Valence en a fait l’expérience il y a un demi-siècle.
Car si détourner un fleuve peut sauver un centre urbain, cela ne doit pas se faire au détriment d’autres populations. L’enjeu est de concevoir des stratégies d’adaptation globales et solidaires. La catastrophe de 2024 nous rappelle l’urgence d’agir dans un monde où l’eau, source de vie, peut aussi devenir un terrible danger.