Un rebondissement majeur vient de se produire dans l’affaire de l’Américaine de 64 ans qui s’est donné la mort en Suisse en septembre dernier, en utilisant un appareil d’aide au suicide jugé illégal par les autorités helvétiques. Selon une source proche du dossier, la justice suisse a en effet décidé de libérer la dernière personne qui était encore placée en détention provisoire dans le cadre de cette enquête.
Le ministère public du canton de Schaffhouse, en charge de l’affaire, précise dans un communiqué que malgré de forts soupçons d’incitation et d’assistance au suicide pesant toujours sur cet individu, les éléments à charge ne permettent plus de le maintenir en détention pour homicide volontaire. Une expertise médico-légale est cependant toujours en cours pour éclaircir les circonstances exactes du décès.
Une machine qui fait polémique
Pour rappel, c’est en utilisant une capsule étanche, baptisée « Sarco », dans laquelle de l’azote est libéré, que la sexagénaire américaine gravement malade avait choisi de mettre fin à ses jours en septembre, dans une forêt du nord de la Suisse. Un dispositif très controversé, promu par l’association The Last Resort, dont le coprésident Florian Willet fait partie des trois personnes qui avaient été initialement arrêtées.
Inventé par l’ancien médecin australien Philip Nitschke, connu pour ses positions radicales sur l’euthanasie, ce sarcophage futuriste aux allures de mini-cabine spatiale montée sur roulettes suscite une vive polémique. Son utilisation pour la première fois en Suisse cet été, pays où le suicide assisté est pourtant légal sous certaines conditions, avait immédiatement provoqué une levée de boucliers.
Les autorités suisses durcissent le ton
Dès l’annonce du décès, Elisabeth Baume-Schneider, ministre suisse de l’intérieur, avait affirmé devant les députés que cette capsule Sarco n’était « pas conforme au droit suisse », invoquant des raisons de sécurité et de compatibilité avec la législation sur les produits chimiques. Plusieurs parquets cantonaux, dont celui de Schaffhouse, avaient d’ailleurs prévenu qu’ils engageraient des poursuites si l’appareil était utilisé sur leur territoire.
En Suisse, l’assistance au suicide n’est punissable que si elle est motivée par un mobile égoïste. Mais la pratique est strictement encadrée.
Si le cadre légal helvétique autorise l’aide au suicide depuis 1942, avec comme seule condition que la personne qui y a recours soit capable de discernement, il impose toutefois de nombreux garde-fous. Les associations comme Exit ou Dignitas, qui proposent un accompagnement, ont ainsi édicté leurs propres critères (âge, pathologie…) et doivent respecter des règles déontologiques strictes.
Un débat éthique plus que jamais d’actualité
Au-delà du cas particulier de la machine Sarco, cette affaire remet sur le devant de la scène le délicat débat sur la fin de vie et l’aide active à mourir. Si certains y voient un progrès permettant à chacun de choisir sa mort en toute liberté, d’autres pointent les dérives potentielles d’une « ubérisation » du suicide. La frontière entre le respect de l’autonomie individuelle et la protection des personnes vulnérables apparaît plus ténue que jamais.
Face à ces questionnements complexes, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un meilleur encadrement légal et éthique des pratiques liées à la fin de vie, afin de concilier le droit de mourir dans la dignité et la prévention des abus. Un chantier aussi crucial que sensible, qui nécessitera un large débat de société. L’affaire de la capsule Sarco n’aura fait que confirmer l’urgence d’une réflexion collective approfondie sur ces enjeux.
En attendant les suites judiciaires du dossier, qui restent incertaines à ce stade, une chose est sûre : la question du suicide assisté, avec ses implications morales, juridiques et humaines, est plus que jamais au cœur de l’actualité. Et ce sont bien les fondements mêmes de notre rapport à la vie et à la mort qui se trouvent interrogés par ce type d’affaires.