L’assassinat de l’ancien dictateur sud-coréen Park Chung-hee en 1979 reste l’un des événements les plus marquants de l’histoire contemporaine de la Corée du Sud. Plus de quatre décennies après ce drame, un tribunal vient de décider de rouvrir le dossier, suite à une demande de la famille de l’assassin.
Un Meurtre qui a Bouleversé le Pays
Park Chung-hee, qui a dirigé la Corée du Sud d’une main de fer pendant 15 ans, a été abattu d’une balle dans la tête en octobre 1979 par Kim Jae-gyu, alors chef de l’agence nationale des renseignements. Reconnu coupable de meurtre et de complot en vue de commettre un acte de trahison, Kim Jae-gyu a été pendu en 1980.
Ce crime a eu un impact considérable sur le pays, rendant notamment orphelins les enfants du dictateur, dont Park Geun-hye, qui deviendra elle-même présidente de 2013 à 2017. Leur mère avait été tuée cinq ans plus tôt lors d’une tentative d’assassinat contre leur père par un sympathisant nord-coréen.
La Famille de l’Assassin Veut Laver son Honneur
En 2020, la sœur de Kim Jae-gyu a appelé la justice à réexaminer l’affaire. Selon elle, son frère a agi pour le bien du pays et non « pour devenir président ou trahir sa patrie ». Elle dénonce le fait qu’il ait été exécuté sans avoir pu donner sa version des faits.
Nous allons revenir sur l’affaire pour réexaminer les dossiers d’enquête. Nous ne nous attaquons pas à la question de savoir si Kim a tué Park, c’est un fait, mais à la question de savoir pourquoi.
Lee Sang-hee, avocate de la famille Kim
La famille affirme également que Kim Jae-gyu a été torturé lors de son interrogatoire et n’a pas bénéficié d’un procès équitable. Leur objectif est de faire retirer la condamnation pour trahison.
Un Héritage Controversé
L’héritage de Park Chung-hee reste très controversé en Corée du Sud. Arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire en 1961, il a mis en place un régime autoritaire qui a certes contribué à l’essor économique du pays, mais au prix d’une répression féroce de l’opposition.
- Il avait aboli l’élection présidentielle
- Il se réservait le droit de nommer un tiers du Parlement
- Son régime a duré près de deux décennies
Aujourd’hui encore, sa figure divise : admiré par certains pour les résultats économiques, il reste haï par d’autres pour son autoritarisme. La réouverture de ce dossier pourrait permettre de faire la lumière sur cet épisode sombre de l’histoire sud-coréenne et d’apporter un nouvel éclairage sur les motivations de son assassin.
Un Tournant dans une Affaire Historique ?
La décision de la Haute Cour de Séoul de rouvrir ce dossier ultra-sensible marque un tournant potentiel dans cette affaire qui a profondément marqué la société sud-coréenne. Plus de 45 ans après les faits, la justice va de nouveau se pencher sur les circonstances exactes et les motivations de cet assassinat qui a changé le cours de l’histoire du pays.
Beaucoup espèrent que ce réexamen permettra de faire toute la lumière sur ce drame et d’établir la vérité historique. Mais au-delà du cas individuel de Kim Jae-gyu, c’est aussi tout le passé autoritaire de la Corée du Sud qui pourrait être passé au crible.
Une chose est sûre : la réouverture de ce dossier ne manquera pas de raviver les passions et de relancer le débat sur cette période trouble de l’histoire sud-coréenne. Un débat qui, plus de quatre décennies après les faits, reste d’une brûlante actualité.
