Un nouveau rebondissement vient secouer la scène politique équatorienne. La vice-présidente Veronica Abad, suspendue pendant 5 mois de ses fonctions pour « abandon injustifié » présumé, a obtenu gain de cause devant la justice. La juge Nubia Vera a en effet annulé ce lundi la sanction administrative, permettant à Mme Abad de reprendre son poste avec effet immédiat.
Un bras de fer au sommet de l’État
Cette décision intervient dans un contexte de conflit ouvert entre la vice-présidente et le président Daniel Noboa. En décembre dernier, M. Noboa avait nommé Mme Abad ambassadrice en Israël, avant de la transférer en Turquie pour des raisons de sécurité liées à l’aggravation de la situation au Proche-Orient. C’est finalement un retard de 5 jours à son arrivée à Ankara qui lui avait valu cette mise à pied, signée par une fonctionnaire des ressources humaines du gouvernement.
Mais les tensions entre les deux têtes de l’exécutif ne datent pas d’hier. En août, Veronica Abad avait porté plainte contre le président pour violences sexistes, dans le but de le faire destituer. Une démarche qualifiée de « trahison » par Daniel Noboa, qui compte bien briguer un second mandat lors de la présidentielle de février 2025.
La Constitution au cœur des enjeux
Au-delà des différends personnels, c’est bien la Constitution équatorienne qui est au cœur de ce bras de fer. Celle-ci prévoit en effet que le président peut faire campagne pour sa réélection, à condition de confier ses pouvoirs à son vice-président pendant cette période. Un scénario que cherche visiblement à éviter M. Noboa en tentant d’écarter Mme Abad.
Il est devenu absolument clair que Mme Abad n’a jamais commis la faute dont elle était accusée.
Damian Armijos, avocat de la vice-présidente
Une décision sous pression
La juge Nubia Vera, qui a tranché en faveur de la vice-présidente, a dénoncé après l’audience les pressions exercées par les autorités judiciaires pour qu’elle se prononce contre Mme Abad. Une révélation qui en dit long sur les tensions qui règnent au sommet de l’État équatorien.
Le président Noboa, lui, a reconnu dans une interview radio que choisir Veronica Abad comme colistière était « une erreur ». Mais il devra désormais composer avec une vice-présidente renforcée par cette victoire judiciaire et déterminée à jouer pleinement son rôle.
Et maintenant ?
Au-delà de la réhabilitation de Mme Abad, c’est tout l’équilibre du pouvoir équatorien qui est en jeu. Le président Noboa parviendra-t-il à imposer son autorité et à préparer sereinement sa réélection ? Ou la vice-présidente profitera-t-elle de ce succès pour peser davantage dans les décisions et faire entendre une voix dissonante ?
Une chose est sûre : cette crise aura laissé des traces et risque de fragiliser l’exécutif pour les échéances à venir. L’Équateur n’a certainement pas fini d’entendre parler de ce duo explosif à la tête de l’État.