La France est sous le choc après le meurtre de Philippine, une étudiante de 21 ans, dont le corps a été retrouvé dans le bois de Boulogne. Le principal suspect, Taha O., un jeune marocain de 22 ans, avait déjà été condamné en 2022 à 7 ans de prison pour le viol d’une autre étudiante en 2019 dans le Val-d’Oise. Cette récidive a suscité une vive émotion et une colère contre ce qui est perçu comme un laxisme de la justice des mineurs, Taha O. étant mineur au moment des premiers faits.
“Malade d’entendre que la justice des mineurs serait laxiste”
Face à ces critiques, l’avocate de Taha O. lors de son procès en 2022, Me Laura Beauvais, a tenu à réagir. Tout en exprimant sa tristesse et sa compassion pour les proches de Philippine et la première victime, elle dénonce avec force une instrumentalisation de ce drame pour remettre en cause la justice des mineurs.
Cela me rend malade d’entendre que la justice serait laxiste dans ce domaine. Je tiens à rappeler que ce ne sont pas des juges qui ont condamné mon client mais un juré populaire composé de citoyens comme vous et moi.
– Me Laura Beauvais, avocate de Taha O. en 2022
L’avocate insiste sur le fait qu’elle n’imaginait absolument pas que son client puisse récidiver après sa condamnation et ce qu’elle pensait être une prise de conscience lors du procès. Elle rejette l’idée d’une quelconque faillite judiciaire ou administrative dans ce dossier.
Un parcours chaotique
Me Beauvais est également revenue sur le parcours de Taha O. avant son arrivée en France, marqué par une enfance particulièrement difficile au Maroc, avec des périodes de vie dans la rue et un abandon par son père en Espagne à l’adolescence. Arrivé en France, il avait été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance du Val d’Oise.
Un viol d’une extrême violence
Des éléments de l’enquête sur le viol de 2019 à Taverny, révélés par la presse, témoignent de l’extrême violence des faits pour lesquels Taha O. a été condamné. La victime, Juliette (prénom changé), avait été surpris par son agresseur alors qu’elle se promenait en forêt. S’en était suivi un calvaire d’1h30 avec menaces de mort. Son sang-froid exceptionnel lui avait permis d’échapper au pire.
Après le viol, la jeune victime a eu la sensation qu’elle pouvait mourir. Elle a eu l’impression de sauver sa peau seconde par seconde.
– Frédéric Lauze, ancien chef de la police du Val d’Oise
Juliette avait réussi à nouer un dialogue avec son agresseur pour le calmer et lui faire croire qu’ils allaient se revoir, lui donnant même un faux numéro de téléphone. C’est ce dernier élément qui avait permis aux enquêteurs de rapidement remonter jusqu’à Taha O., hébergé dans un foyer proche géré par la Croix Rouge.
Questions autour du suivi
Si l’avocate de Taha O. rejette l’idée d’un laxisme de la justice des mineurs, son témoignage pose néanmoins la question du suivi de ce jeune homme après sa sortie de prison en 2022. Me Beauvais indique qu’aucun suivi complémentaire n’avait été ordonné par la cour d’assises des mineurs de Pontoise en plus de la peine de prison, et ce malgré l’absence de troubles psychiatriques constatée par les experts.
Un tragique enchaînement qui amène à s’interroger, au-delà des débats passionnés et douloureux, sur la prévention de la récidive des jeunes condamnés pour crimes sexuels. Un enjeu majeur de sécurité et de confiance dans l’institution judiciaire.