Dans un rebondissement inattendu, la justice bangladaise vient d’ordonner la remise en liberté d’environ 200 anciens soldats d’une unité paramilitaire. Ces hommes avaient passé 16 ans derrière les barreaux pour leur implication dans une mutinerie meurtrière en 2009. Cette décision étonnante soulève de nombreuses questions sur l’équité des procès militaires qui avaient suivi ces événements tragiques.
Retour sur une mutinerie sanglante
En février 2009, le Bangladesh avait été secoué par une rébellion brutale au sein du Bangladesh Rifles (BDR), une unité paramilitaire chargée de la surveillance des frontières. Des soldats mutins avaient pris le contrôle de leur quartier général à Dacca, la capitale, s’emparant d’armes et semant la terreur dans plusieurs casernes du pays. Au total, 74 personnes avaient perdu la vie, dont de nombreux officiers. Un bain de sang qui avait profondément choqué la nation.
Des procès militaires controversés
Suite à ces événements, des centaines de soldats du BDR avaient été jugés par des tribunaux militaires spéciaux. Les peines prononcées allaient de quelques années d’emprisonnement à la peine capitale. Mais ces procès avaient immédiatement suscité la controverse. L’ONU les avait sévèrement critiqués, les jugeant inéquitables et ne respectant pas les standards internationaux en matière de justice.
« Ces procès n’ont pas respecté les droits fondamentaux des accusés. Il est clair que la justice n’a pas été rendue de manière impartiale. »
– Un expert onusien des droits de l’Homme
Acquittement partiel et remise en liberté
Ce jeudi, dans un revirement spectaculaire, un tribunal de Dacca a abandonné les charges de meurtres qui pesaient sur 178 ex-soldats du BDR. Seule l’infraction à la législation sur les explosifs a été retenue. La cour a donc ordonné leur remise en liberté immédiate sous caution, pour certains après 16 longues années passées derrière les barreaux.
Devant les prisons de Dacca et de sa banlieue, des scènes émouvantes ont eu lieu. Les anciens militaires ont retrouvé leurs proches qui les attendaient avec des bouquets de fleurs, dans un mélange de larmes et de sourires. « Je n’ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens », confiait Abul Kashem, 38 ans, enfin libre. « Maintenant je veux reconstruire ma vie, retrouver un travail et demander justice pour les vrais coupables. »
Vers de nouvelles investigations
Ce rebondissement survient dans un contexte politique tendu au Bangladesh. En août dernier, après des semaines d’émeutes, l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 2009, a été renversée. Le nouveau gouvernement provisoire a décidé de rouvrir l’enquête sur la mutinerie, remettant en cause les conclusions de l’époque qui attribuaient la révolte à un simple mouvement de colère pour des revendications salariales.
De nouvelles pistes sont désormais explorées, notamment celle d’une potentielle implication de l’Inde voisine, principal soutien du régime de Sheikh Hasina lorsqu’elle était au pouvoir. L’ex-dirigeante, visée par plusieurs mandats d’arrêt dans son pays, a d’ailleurs trouvé refuge en Inde après sa chute. Beaucoup espèrent que la vérité éclatera enfin sur ce sanglant épisode de l’histoire récente du Bangladesh, et que justice sera rendue.