Le paysage politique européen est en pleine mutation, avec un phénomène qui prend de l’ampleur : l’attrait grandissant de la jeunesse pour les partis d’extrême droite. Longtemps considérée comme acquise aux idées progressistes, cette nouvelle génération d’électeurs bouscule les certitudes. Comment expliquer ce basculement qui semblait encore impensable il y a quelques années ?
Une stratégie digitale redoutablement efficace
Si l’extrême droite séduit autant les jeunes aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à sa maîtrise des codes des réseaux sociaux. Sur TikTok, Instagram ou Twitch, ces partis ont su adapter leur communication pour toucher directement cette cible. En France, Jordan Bardella, jeune président du Rassemblement National, est une véritable star sur TikTok avec 1,6 million d’abonnés.
Si vous regardez TikTok, l’AfD a plus de portée que tous les autres partis réunis.
Laura-Kristine Krause, directrice du groupe de réflexion More in Common
L’AfD allemande ou le Vlaams Belang flamand suivent la même stratégie avec succès, là où les partis traditionnels peinent à s’adapter à ces nouveaux canaux.
Précarité et peur du déclassement
Au-delà de la forme, c’est aussi sur le fond que l’extrême droite a su se réinventer. Exit les discours identitaires, place aux thématiques économiques et sociales qui touchent directement la jeunesse européenne : crise du logement, inflation, chômage… En associant habilement immigration et difficultés économiques, ces partis se posent en défenseurs d’une jeunesse fragilisée.
Ce qui afflige les jeunes est une préoccupation nouvelle : l’incertitude économique, ou plutôt « l’insécurité des moyens de subsistance ».
The Guardian
Cette « insécurité des moyens de subsistance » pousserait les jeunes générations, non pas vers la gauche traditionnelle, mais vers des partis prônant la « stabilité » et la « sécurité » face à la mondialisation.
Une nouvelle approche idéologique
Enfin, il semblerait que la jeunesse actuelle aborde la politique avec une grille de lecture différente de celle de ses aînés. La dichotomie classique gauche/droite aurait moins de sens pour une génération en quête de changement radical face à un avenir qu’elle juge bouché. Dans ce contexte, les partis d’extrême droite apparaissent comme une alternative « antisystème » séduisante.
Reste à savoir si cette tendance se confirmera dans les urnes. Les prochaines élections européennes de 2024 donneront sans doute un premier élément de réponse. Une chose est sûre : à droite de l’échiquier politique, on compte bien surfer sur cette vague jeune pour s’imposer durablement dans le paysage.
