Derrière les façades colorées des ruelles nantaises, un phénomène inquiétant se profile : la multiplication des devantures closes et des vitrines vides. En l’espace de trois ans, le nombre de commerces fermés a doublé au cœur de la cité des Ducs de Bretagne, passant de 3% en 2021 à 6% aujourd’hui. Un constat préoccupant pour les acteurs locaux, même si ce taux reste inférieur à la moyenne nationale de 9,7%.
Les raisons de cette vague de fermetures
Comment expliquer cette hausse des commerces en friche dans une ville réputée pour son attractivité ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- La conjoncture économique difficile, marquée par l’inflation et l’augmentation des coûts de l’énergie, a fragilisé de nombreux commerces.
- La crise sanitaire a accéléré la chute de certaines enseignes nationales comme André, Burton ou Habitat, entraînant la fermeture de leurs magasins nantais.
- Des commerçants indépendants peinent à rembourser leur Prêt Garanti par l’État (PGE) contracté pendant le Covid.
- Le départ à la retraite de gérants sans repreneurs, comme pour la chocolaterie Castelanne en 2022, laisse des locaux vacants.
Si l’impact direct de l’insécurité sur les fermetures reste difficile à quantifier selon les élus, la réputation du centre-ville en la matière pourrait néanmoins décourager certains porteurs de projets.
Conséquences et signaux encourageants
Cette hausse de la vacance commerciale n’est pas sans conséquences sur le dynamisme et l’image du centre-ville nantais. Comme le souligne Teddy Robert, président de l’association des commerçants Plein Centre :
Lorsqu’il existe une accumulation de commerces fermés au même endroit, il est toujours plus difficile d’y relancer rapidement une activité.
Teddy Robert, président de Plein Centre
Malgré ces points de vigilance, il serait prématuré de parler de déclin. Nantes conserve une attractivité remarquable, avec une fréquentation en hausse de 6% en 2023. Un signal encourageant, même si tous les visiteurs ne sont pas des consommateurs.
Des reprises de locaux vacants sont également à noter et les élus travaillent étroitement avec les acteurs économiques pour préserver la vitalité commerciale du centre. Comme le résume Gildas Salaün, élu délégué aux commerces :
Il faut savoir raison garder, tout en restant prudents et attentifs à cette situation.
Gildas Salaün, élu délégué aux commerces
Entre attractivité insolente et vagues de fermetures, le commerce nantais navigue donc en eaux troubles. Les prochains mois seront décisifs pour voir si le phénomène s’amplifie ou se résorbe. Les Nantais, eux, espèrent retrouver des rues commerçantes animées plutôt que des vitrines fantômes.