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La Guerre du Cauca en Colombie Menace la Paix de Petro

Au cœur du Cauca en Colombie, la guerre fait rage malgré l'accord de paix. Entre l'armée, les dissidents des Farc et les communautés indigènes, la situation est explosive. Le président Petro parviendra-t-il à ramener la paix dans cette région meurtrie ?

Dans les montagnes luxuriantes du Cauca, au sud-ouest de la Colombie, la guerre n’a jamais vraiment cessé. Malgré l’accord de paix historique signé en 2016 entre le gouvernement et la guérilla des Farc, ce département reste le théâtre de violents affrontements. Pris en étau entre l’armée, les groupes dissidents des ex-Farc et les narcotrafiquants, les communautés indigènes tentent de protéger leur territoire. Une situation explosive qui met à mal les efforts de paix du président Gustavo Petro.

Le Cauca, épicentre des violences post-accord de paix

Depuis la signature de l’accord de paix, le Cauca est devenu l’un des départements les plus touchés par les violences en Colombie. Selon l’ONU, près de 300 leaders sociaux et défenseurs des droits humains y ont été assassinés entre 2016 et 2022. Un chiffre alarmant qui s’explique par la présence de nombreux acteurs armés sur ce territoire stratégique, situé sur la route de la cocaïne vers le Pacifique.

Aujourd’hui, les principaux belligérants sont l’armée colombienne et les dissidents des Farc qui ont refusé de déposer les armes. Parmi eux, l’État-major central (EMC), l’une des factions les plus puissantes. Mais d’autres groupes, comme l’ELN (Armée de libération nationale) ou des gangs de narcotrafiquants, sont également présents dans la région.

« C’est une guerre de l’intérieur, une guérilla qui vient de l’intérieur du territoire. » explique un membre de la Garde indigène.

Une Garde indigène pour protéger le territoire

Face à cette situation, les communautés indigènes du Cauca, environ 20% de la population du département, ont créé leur propre Garde indigène. Armés de bâtons, ces hommes et ces femmes tentent de faire respecter l’autonomie de leur territoire et de le protéger des combats.

Leur tâche est immense et dangereuse. Les affrontements entre l’armée et la guérilla sont quasi quotidiens et font régulièrement des victimes civiles. Souvent, les indigènes se retrouvent pris entre deux feux. En protestation, certaines communautés ont expulsé l’armée et la police de leur territoire, préférant assurer elles-mêmes leur sécurité.

L’assassinat de « Fito », nouveau défi pour la paix

L’assassinat fin juin de « Fito », l’un des chefs présumés de l’EMC par l’armée, risque d’aggraver les tensions dans le Cauca. Le groupe armé a promis de venger sa mort et de poursuivre le combat. Un défi supplémentaire pour le président de gauche Gustavo Petro, qui a fait de la « paix totale » sa priorité.

Le gouvernement a renforcé la présence militaire dans la région, avec l’envoi de milliers de soldats supplémentaires. Mais pour les communautés indigènes, la solution ne peut être uniquement sécuritaire. Elles demandent davantage de présence de l’État, des investissements sociaux et économiques dans cette région parmi les plus pauvres du pays.

« La paix ne se construit pas avec des fusils, mais avec des opportunités et de la dignité » affirme un leader indigène.

Un accord de paix fragile et incomplet

Six ans après la signature de l’accord de paix, la situation dans le Cauca illustre la fragilité et les limites du processus. Si la majeure partie des Farc ont déposé les armes, la guérilla est loin d’avoir disparu. Les groupes dissidents profitent du vide laissé par l’État dans certaines régions pour étendre leur emprise territoriale et leurs activités illicites.

La mise en œuvre de l’accord, notamment son volet rural et les programmes de substitution des cultures illicites, a pris du retard. De nombreux ex-combattants peinent à se réinsérer et sont tentés de reprendre les armes. Un défi de taille pour le gouvernement Petro, qui doit accélérer le processus de paix tout en répondant aux attentes sociales.

Dans le Cauca, comme dans d’autres régions de Colombie, la paix reste un horizon lointain. Mais les communautés indigènes ne perdent pas espoir. Malgré les menaces et les violences, elles poursuivent leur lutte pacifique pour la défense de leur territoire et de leur mode de vie. Un combat quotidien et courageux pour une paix véritable et durable.

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