Le conflit entre les États-Unis et les redoutables cartels mexicains de la drogue vient de franchir un nouveau palier. En signant un décret présidentiel classant plusieurs de ces organisations parmi les groupes terroristes, Donald Trump a clairement signifié sa volonté d’intensifier la lutte. Une décision qui s’inscrit dans la lignée des appels lancés par certains élus américains, à l’image de Dan Crenshaw, représentant républicain du Texas et ancien Navy Seal.
La « guerre du Congrès » de Dan Crenshaw
Vétéran décoré des forces spéciales, Dan Crenshaw est depuis plusieurs mois le fer de lance d’une fronde parlementaire réclamant une réponse plus musclée face aux cartels mexicains. Selon des sources proches du dossier, il plaide pour davantage de coopération diplomatique avec le Mexique, mais aussi pour des démonstrations de force censées dissuader les trafiquants.
Il faut qu’ils comprennent qu’ils ont énervé les gringos.
Dan Crenshaw, Représentant républicain du Texas
Le spectre d’opérations militaires
Si le décret de Donald Trump se concentre pour l’instant sur des sanctions financières et des restrictions de voyages, il n’exclut pas des actions plus musclées. Interrogé par un journaliste sur l’éventualité de déployer des forces spéciales au Mexique, le président a botté en touche, un sourire aux lèvres : « Des choses plus étranges se sont déjà produites. »
Une perspective qui fait frémir Mexico. Le gouvernement mexicain craint qu’une telle escalade ne déstabilise encore davantage un pays miné par la violence. Selon des estimations concordantes, la guerre entre cartels et forces de l’ordre a déjà fait plus de 350 000 morts depuis 2006.
Sanctuariser la frontière
Au-delà de la répression, Washington entend aussi tarir les flux de drogue et d’armes à la frontière. Donald Trump a réaffirmé sa volonté d’achever son mur controversé, promettant d’en faire « une barrière infranchissable pour les trafiquants ». Des propos qui font écho à ceux de Dan Crenshaw :
Nous devons sanctuariser notre frontière. C’est une question de sécurité nationale.
Dan Crenshaw, Représentant républicain du Texas
Le Mexique entre coopération et souveraineté
Côté mexicain, c’est l’embarras qui domine. Le président Andrés Manuel López Obrador a assuré vouloir coopérer « main dans la main » avec son voisin du Nord. Mais de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une ingérence dans les affaires intérieures du pays.
« Les États-Unis doivent respecter notre souveraineté« , a martelé Marcelo Ebrard, le ministre des Affaires étrangères. « La solution doit être mexicaine, avec bien sûr une coopération américaine, mais dans le respect de nos lois et de nos institutions. »
Une guerre asymétrique
Malgré ces protestations, le rapport de force reste très déséquilibré. Avec leurs milliards de dollars de revenus illicites et leurs moyens paramilitaires, les cartels font presque figure d’États dans l’État. Face à une telle puissance de feu, les autorités mexicaines semblent bien démunies.
C’est une guerre asymétrique. Nous avons besoin de l’aide des États-Unis, c’est indéniable.
Un haut responsable mexicain s’exprimant sous couvert d’anonymat
À Washington, les faucons ne jurent que par l’option militaire. « Il faut les traiter comme Daech ou Al-Qaïda« , assène un proche conseiller de Dan Crenshaw. « Des frappes ciblées, des opérations coup de poing, pour les déstabiliser et les terrifier. »
Risque d’embrasement
Mais c’est précisément ce genre de scénario qui inquiète de nombreux observateurs. Avec son lot de « dommages collatéraux », une intervention militaire risquerait d’attiser la colère de la population mexicaine, voire de favoriser un soutien populaire aux cartels.
Ce serait comme mettre de l’huile sur le feu. Les cartels se poseraient en défenseurs de la patrie face à l’envahisseur yankee.
Juan Villoro, Écrivain et journaliste mexicain
Un scénario catastrophe que le gouvernement mexicain espère à tout prix éviter. Mais avec la pression croissante de Washington et la détermination affichée par Donald Trump et ses soutiens, la marge de manœuvre s’annonce étroite. La « guerre des cartels » ne fait peut-être que commencer.