Face à la menace grandissante de la grippe aviaire, les États-Unis viennent d’annoncer un investissement d’urgence de 211 millions de dollars pour accélérer le développement de vaccins à ARN messager. Cette décision intervient alors que le pays a enregistré 67 infections humaines depuis début 2022, dont un premier décès en Louisiane début janvier. Si pour l’heure l’épidémie se limite aux animaux, les craintes d’une potentielle pandémie s’amplifient.
Un virus mortel qui se rapproche de l’Homme
Avec près de la moitié des 954 infections humaines par le H5N1 qui se sont avérées mortelles dans le monde depuis 2003 selon l’OMS, la grippe aviaire est loin d’être anodine. Jusqu’à présent, les contaminations humaines aux USA, causées par une exposition directe aux volatiles, étaient restées relativement bénignes. Mais le décès du patient âgé en Louisiane début janvier fait craindre le pire aux autorités sanitaires.
En effet, si aucune transmission interhumaine n’a encore été enregistrée, les experts redoutent qu’une mutation du virus, couplée à la grippe saisonnière, ne le rende bien plus contagieux. Un scénario catastrophe qui pourrait déclencher une pandémie dévastatrice à l’échelle mondiale. D’où l’urgence d’agir vite et fort.
Des financements records pour contrer la menace
Consciente des risques, l’administration Biden avait déjà débloqué 306 millions de dollars début janvier pour renforcer les programmes de surveillance, de préparation et de recherche contre la grippe aviaire. Ces nouveaux 211 millions destinés spécifiquement à booster les vaccins ARN messager, technologie qui a fait ses preuves contre le Covid, illustrent la détermination de Washington à parer à toute éventualité.
Plusieurs géants pharmaceutiques comme Moderna et Pfizer planchent d’ailleurs déjà sur des vaccins anti-H5N1 utilisant cette approche innovante. Parallèlement, les CDC ont annoncé des tests approfondis systématiques pour les patients positifs à la grippe, en particulier ceux hospitalisés, afin de détecter rapidement toute infection aviaire.
Incertitudes sur la stratégie sanitaire de Trump
Mais alors que ces efforts se mettent en place, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump dans quelques jours soulève des inquiétudes. Son choix de nommer le controversé Robert Kennedy Jr, connu pour son scepticisme sur les vaccins, à la tête du ministère de la Santé fait craindre un changement radical d’approche.
Kennedy, qui a aussi fait la promotion du lait cru, vecteur potentiel du virus, a promis de réformer en profondeur les agences sanitaires. De quoi jeter le doute sur la pérennité de la lutte contre la grippe aviaire initiée par l’administration sortante. Les prochaines semaines seront donc cruciales pour juger de la réponse américaine face à ce péril viral grandissant.
Alors que plane le spectre d’une nouvelle pandémie, le monde retient son souffle. La course contre la montre est lancée pour mettre au point des vaccins efficaces et endiguer la propagation du H5N1 avant qu’il ne soit trop tard. Un défi sanitaire majeur qui testera la capacité des États-Unis, et du monde, à tirer les leçons des crises passées pour mieux anticiper celles à venir.