Face à la menace grandissante de l’addiction des adolescents à internet et aux réseaux sociaux, la Grèce a décidé de réagir. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé lundi le lancement d’une vaste campagne nationale visant à protéger les jeunes internautes des dangers du web. Une initiative ambitieuse qui entend responsabiliser à la fois les parents, les enfants et les géants de la Silicon Valley.
Une « immense expérimentation sur les cerveaux de nos enfants »
Lors du lancement de la campagne à Athènes, le chef du gouvernement conservateur n’a pas mâché ses mots. Selon lui, les réseaux sociaux se livrent actuellement à une « immense expérimentation sur les cerveaux de nos enfants », avec des conséquences potentiellement désastreuses sur leur santé mentale :
Cela doit cesser. Vous avez déjà gagné beaucoup d’argent, alors que nous savons pertinemment que ce que vous faites est dangereux pour nos enfants et nos adolescents.
Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec
Un constat alarmant partagé par de nombreux responsables présents au lancement de la campagne. Selon leurs estimations, au moins un jeune ado grec sur 10 souffrirait de sérieux problèmes d’addiction au web. Des chiffres qui ont poussé les autorités helléniques à agir.
De nouveaux outils de contrôle parental
Parmi les mesures phares de cette nouvelle stratégie nationale, la mise en place d’un site web dédié au contrôle parental. Lancé ce lundi à l’adresse https://parco.gov.gr/, il propose des tutoriels pas à pas pour aider les parents à installer des protections de navigation sur les smartphones de leurs enfants.
D’ici avril, la Grèce compte également introduire un outil de vérification de l’âge des internautes, assorti de limitations quotidiennes d’usage. Une mesure forte, dans la lignée de celles adoptées récemment par l’Australie, qui a interdit l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans.
Responsabiliser les géants de la tech
Au-delà de la prévention auprès des familles, la Grèce entend aussi faire pression sur les entreprises qui gèrent les réseaux sociaux pour qu’elles fassent preuve de plus de responsabilité. Un message directement adressé aux mastodontes comme Meta (Facebook, Instagram), Google (YouTube), ByteDance (TikTok) ou encore Twitter.
Si ces derniers se sont souvent défendus de favoriser l’addiction, arguant que leurs plateformes apportaient plus de bénéfices que de risques, les études scientifiques tendent à prouver le contraire. Usage excessif des réseaux sociaux rime souvent avec dépression, sentiment d’isolement, manque de sommeil et dépendance, surtout chez les plus jeunes.
Un exemple à suivre ?
Avec cette campagne ambitieuse, qui allie mesures concrètes et pression sur les géants du web, la Grèce espère montrer la voie. Une approche volontariste saluée par de nombreux experts, même si certains s’inquiètent des risques de contournement ou de report vers des espaces en ligne moins régulés.
Reste à voir si l’exemple grec fera des émules. Face à l’ampleur du phénomène d’addiction des ados aux écrans, une réponse coordonnée au niveau européen, voire mondial, semble plus que jamais nécessaire. Un défi de taille pour nos sociétés ultra-connectées.