Un vent de fronde souffle sur les campagnes européennes. De l’Andalousie à la Poméranie, des Pouilles à la Bretagne, les agriculteurs du Vieux Continent sont vent debout contre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). En cause : la crainte d’une concurrence jugée déloyale des produits agricoles sud-américains, aux normes environnementales, sociales et sanitaires bien moins exigeantes qu’en Europe.
« Cet accord signerait la mort de notre agriculture familiale », s’insurge Giovanni, éleveur de porcs dans la région d’Émilie-Romagne en Italie. Un constat partagé par Janusz, producteur de miel en Pologne : « Comment pourrions-nous rivaliser avec le miel brésilien ou argentin, produit à bas coût dans des conditions que l’on n’ose imaginer ? »
Une mobilisation paysanne européenne sans précédent
Face à ce qu’ils perçoivent comme une menace existentielle, les syndicats agricoles majoritaires de l’UE montent au créneau. Le Copa-Cogeca, qui les représente à Bruxelles, a appelé les instances européennes à « revoir » et « défendre une politique commerciale portant les standards rigoureux de notre agriculture ». Plusieurs pays poids lourds de l’agriculture communautaire sont en première ligne :
France : l’épicentre de la contestation
Berceau de l’agriculture paysanne, l’Hexagone est le fer de lance de l’opposition à l’accord. Dès lundi, une vaste mobilisation est annoncée à travers le pays par les principales organisations professionnelles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Confédération paysanne…).
Leur cheval de bataille : le manque de réciprocité des normes. Un récent rapport d’audit de l’UE épinglant les failles des contrôles sanitaires au Brésil a mis le feu aux poudres.
Allemagne : les paysans exigent une renégociation
Outre-Rhin, le premier syndicat agricole (DBV) juge « urgent de renégocier » un accord qui « conduirait à remplacer la production nationale par des importations aux normes du siècle dernier » selon son président Joachim Rukwied. La chute du gouvernement Merkel sur fond de désaccords autour de l’accord place les agriculteurs en position de force.
Espagne et Italie : préserver la souveraineté alimentaire
Les principales organisations paysannes transalpines et ibériques abondent. L’Unió de Pagesos de Catalunya dénonce un accord « dépassé et incohérent ». La Coldiretti italienne en appelle au gouvernement Meloni pour « empêcher l’adoption de l’accord sous sa forme actuelle » afin de préserver l’agriculture nationale.
Pologne, Autriche, Irlande : le front du refus
Même tonalité à l’Est, où le ministre polonais de l’Agriculture exprime ses « sérieuses réserves ». Le Parlement autrichien a voté une résolution contre l’accord, que les syndicats du pays jugent « incompatible » avec la politique agricole européenne. En Irlande, les éleveurs ont manifesté leur colère devant le Parlement.
Un rapport de force en faveur des agriculteurs ?
Face à cette levée de boucliers, les gouvernements européens tentent de rassurer sans fermer la porte. Si l’Allemagne et l’Espagne défendent encore un accord jugé stratégique malgré certaines réserves, la France de Macron joue la carte du rapport de force en tentant de rallier une minorité de blocage avec des alliés comme la Pologne.
Misant sur une opinion publique de plus en plus sensible aux enjeux de souveraineté alimentaire, de bien-être animal et d’agriculture durable, le monde paysan espère faire plier Bruxelles. D’autant que la colère des campagnes européennes fait écho à la déforestation galopante en Amazonie, pointée du doigt par les ONG environnementales.
De quoi nourrir le débat sur le sens d’une mondialisation débridée, à l’heure où le dérèglement climatique et les crises sanitaires remettent en cause un modèle agricole fondé sur la course au prix le plus bas. Face à la détermination des agriculteurs européens, la balle est plus que jamais dans le camp des décideurs politiques. L’avenir de notre alimentation en dépend.
Même tonalité à l’Est, où le ministre polonais de l’Agriculture exprime ses « sérieuses réserves ». Le Parlement autrichien a voté une résolution contre l’accord, que les syndicats du pays jugent « incompatible » avec la politique agricole européenne. En Irlande, les éleveurs ont manifesté leur colère devant le Parlement.
Un rapport de force en faveur des agriculteurs ?
Face à cette levée de boucliers, les gouvernements européens tentent de rassurer sans fermer la porte. Si l’Allemagne et l’Espagne défendent encore un accord jugé stratégique malgré certaines réserves, la France de Macron joue la carte du rapport de force en tentant de rallier une minorité de blocage avec des alliés comme la Pologne.
Misant sur une opinion publique de plus en plus sensible aux enjeux de souveraineté alimentaire, de bien-être animal et d’agriculture durable, le monde paysan espère faire plier Bruxelles. D’autant que la colère des campagnes européennes fait écho à la déforestation galopante en Amazonie, pointée du doigt par les ONG environnementales.
De quoi nourrir le débat sur le sens d’une mondialisation débridée, à l’heure où le dérèglement climatique et les crises sanitaires remettent en cause un modèle agricole fondé sur la course au prix le plus bas. Face à la détermination des agriculteurs européens, la balle est plus que jamais dans le camp des décideurs politiques. L’avenir de notre alimentation en dépend.