En ce début d’été 2024, les voyageurs sont de retour en masse dans les aéroports européens. Le trafic aérien sur le Vieux Continent a en effet retrouvé son niveau d’avant la pandémie de Covid-19 au premier semestre, voire l’a même très légèrement dépassé de 0,4% par rapport à 2019. Une bonne nouvelle pour le secteur, qui tourne ainsi définitivement la page de la crise sanitaire et de ses lourdes conséquences.
Mais derrière ce retour à la normale apparent, la réalité est plus contrastée. Car la reprise est loin d’être uniforme entre les différents acteurs et marchés. Il y a presque autant de perdants que de gagnants dans ce nouvel environnement post-Covid, comme le souligne l’Association des aéroports européens (ACI Europe) dans son dernier bilan.
Envolées et destinations en perte de vitesse
Certains aéroports et compagnies aériennes ont clairement le vent en poupe. C’est notamment le cas des spécialistes du voyage d’agrément et des low-costs, qui surfent sur la vague des déplacements de loisirs et pour raisons familiales. Les aéroports des principales destinations de vacances en Europe affichent ainsi une croissance spectaculaire en juin :
- Pologne : +24,5%
- Grèce : +23,9%
- Portugal : +14,2%
- Croatie : +13,6%
À l’inverse, ceux davantage positionnés sur le travel domestique ou d’affaires restent largement à la traîne, avec des baisses à deux chiffres pour la Finlande (-26,4%), la Slovénie (-21,5%) ou encore la Suède (-19,4%).
Fragmentation du marché et nouveaux enjeux
Cette reprise à deux vitesses illustre la fragmentation du marché aérien européen depuis la crise sanitaire. Avec l’essor du télétravail et la digitalisation des échanges professionnels, le voyage d’affaires peine à redécoller. Les lignes intérieures sont aussi moins dynamiques, face à la concurrence du train notamment.
Les aéroports et compagnies positionnés sur ces segments devront se réinventer pour trouver de nouveaux relais de croissance.
Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe
Autres grands défis pour le secteur : la pénurie de main d’œuvre, les pressions environnementales croissantes et la flambée des coûts, notamment des carburants. Autant de facteurs qui pèseront sur les marges et la capacité d’investissement dans les années à venir.
Cap sur un avenir plus responsable
Malgré ces vents contraires, l’industrie aérienne européenne veut croire en des lendemains qui chantent. Avec des avions plus performants, des carburants alternatifs et une optimisation des opérations, elle mise sur l’innovation pour réduire son empreinte carbone. Et veut faire du voyage en avion une expérience plus fluide, digitale et durable.
Objectif : s’adapter aux nouvelles attentes des passagers tout en relevant le défi climatique. Un pari audacieux, dans un ciel européen plus que jamais en pleine mutation.