La French Tech, cet écosystème dynamique de startups tricolores, se retrouve aujourd’hui face à un avenir incertain. Malgré des investissements stables au premier semestre 2024, avec 4,3 milliards d’euros levés, soit un montant équivalent à celui de l’année précédente sur la même période, l’inquiétude grandit au sein de la communauté tech française.
Un début d’année 2024 porteur d’espoir
Pourtant, tout avait bien commencé. Après un atterrissage brutal en 2023, marqué par des valorisations en berne, le début d’année 2024 a vu les investissements s’accroître mois après mois, avec un pic atteint en juin. Portée par des sociétés innovantes dans des secteurs d’avenir stratégiques comme l’intelligence artificielle et la transition énergétique, la dynamique semblait revenue.
Nous sommes revenus sur une dynamique de croissance portée par des sociétés très innovantes dans des secteurs d’avenir stratégiques.
Franck Sebag, associé chez EY
Des success stories qui rassurent
Des startups comme Mistral AI, développant des modèles d’IA, ou Electra, spécialisée dans les bornes de recharge électrique, ont ainsi réalisé des levées de fonds supérieures à 300 millions d’euros. De quoi rassurer sur le dynamisme de la French Tech.
La dissolution et les législatives, coup de froid sur les investissements
Mais c’était sans compter sur les soubresauts politiques du printemps. La dissolution de l’Assemblée Nationale suivie des élections législatives anticipées a eu l’effet d’une douche froide sur les ardeurs des investisseurs, notamment étrangers.
Des investisseurs étrangers ont déjà appuyé sur le bouton “pause” dans l’attente d’une clarification du paysage politique français.
Un entrepreneur de la French Tech
Cette frilosité se ressent particulièrement sur les gros tickets d’investissement. Les fonds internationaux, échaudés par l’instabilité politique et les incertitudes fiscales, préfèrent temporiser.
Un écosystème sous pression
Au-delà de la conjoncture politique, c’est tout l’écosystème French Tech qui apparaît sous pression. Après des années de croissance effrénée et de valorisations stratosphériques, l’heure semble à la consolidation, voire à la rationalisation pour certains acteurs.
- Des licenciements ont été annoncés dans plusieurs pépites françaises
- Des projets de développement sont revus à la baisse
- Des investisseurs se montrent plus exigeants sur les perspectives de rentabilité
Face à ces vents contraires, la French Tech cherche un nouveau souffle. Miser sur des secteurs à fort potentiel comme la GreenTech, la DeepTech ou la MedTech apparaît comme une piste prometteuse pour se réinventer et répondre aux grands défis sociétaux.
Quelle place pour la French Tech demain ?
Au-delà des turbulences actuelles, la question de la place de la French Tech sur l’échiquier mondial se pose avec acuité. Face à des géants comme les États-Unis ou la Chine, disposant de moyens quasi-illimités, comment rester dans la course ?
Miser sur ses atouts, comme la créativité, l’innovation et une certaine vision de la tech éthique et responsable, sera sans doute clé. Tout comme fédérer un écosystème solide associant startups, grands groupes, recherche et pouvoirs publics.
Un défi de taille pour la French Tech qui, malgré les inquiétudes, dispose de sérieux atouts pour réussir sa mue et s’imposer durablement comme un acteur incontournable du numérique mondial. À condition de garder le cap et de ne pas céder à la sinistrose ambiante.