En Île-de-France, la fraude dans les transports en commun est un phénomène profondément enraciné qui grève lourdement les finances des opérateurs. Malgré les efforts déployés ces dernières années pour endiguer le problème, force est de constater que les fraudeurs restent nombreux, notamment sur le réseau de surface où les taux de fraude peuvent atteindre des niveaux alarmants.
Un manque à gagner colossal pour les opérateurs
Selon des sources proches du dossier, le coût de la fraude se chiffrerait en centaines de millions d’euros chaque année pour les deux principaux opérateurs franciliens, la RATP et la SNCF. Un véritable gouffre financier dans un contexte où les transports publics peinent déjà à équilibrer leurs comptes.
La fraude représente l’équivalent du prix de 25 TER neufs chaque année pour la SNCF.
Si la lutte contre la fraude est affichée comme une priorité, dans les faits, les moyens mis en œuvre semblent encore insuffisants face à l’ampleur du phénomène. Contrôles en gare, embarquement filtré, vérifications à bord… Les mesures se révèlent parfois inefficaces sur un réseau aussi vaste et fréquenté.
Les transports de surface particulièrement touchés
C’est surtout sur le réseau de bus et tramways que la situation est la plus préoccupante. Selon une étude récente, le taux de fraude y atteindrait en moyenne 15%, avec des pics sur certaines lignes sensibles, contre « seulement » 5% dans le métro parisien.
- Le Noctilien, service de bus de nuit, compterait environ un tiers de voyages non payés
- En grande couronne, le taux de fraude s’élève à 10% en moyenne
Comment expliquer une telle différence entre métro et surface ? Les raisons sont multiples :
- Des contrôles moins fréquents et systématiques sur le réseau bus/tram
- Une configuration des véhicules et des arrêts qui facilite la fraude
- Un sentiment d’impunité chez certains voyageurs
Des solutions qui peinent à s’imposer
Face à ce fléau persistant, les opérateurs tentent de s’adapter et d’innover. Parmi les pistes envisagées ou expérimentées :
- Des portiques d’accès sur certaines stations de tramway, comme c’est le cas sur les lignes T3a et T3b
- Une présence humaine renforcée, avec davantage de contrôleurs et d’agents de médiation
- Des campagnes de sensibilisation pour responsabiliser les voyageurs et rappeler que frauder, c’est pénaliser tout le monde
Mais la route est encore longue et semée d’embûches. Car s’attaquer à la fraude, c’est aussi prendre en compte les réalités sociales d’une partie de la population pour qui payer son titre de transport est devenu problématique. Un aspect qui ne peut être négligé dans la recherche d’une solution globale et durable.
L’indispensable prise de conscience collective
Au-delà des mesures coercitives et techniques, c’est bien un changement de mentalité qui s’impose pour faire reculer durablement la fraude. Cela passe par une pédagogie de tous les instants pour expliquer les enjeux, les coûts et les conséquences d’un tel phénomène.
Car la fraude n’est pas une fatalité. C’est un comportement qui nuit à la collectivité en privant les transports publics de ressources précieuses pour leur développement et leur bon fonctionnement. Ressources qui, in fine, proviennent aussi des poches des voyageurs honnêtes via leur titre de transport.
Le combat contre la fraude dans les transports en commun franciliens est donc l’affaire de tous. Opérateurs, pouvoirs publics mais aussi usagers, chacun à son niveau peut et doit agir pour préserver ce bien commun essentiel qu’est notre système de mobilité. Un défi majeur pour les années à venir.