Le débat sur la taxation des grandes fortunes fait à nouveau la une en France. Mercredi, le gouvernement a exprimé sa ferme opposition à une proposition de loi des écologistes visant à instaurer un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des « ultra-riches », possédant plus de 100 millions d’euros. Porté par la députée Eva Sas, ce projet devait être examiné jeudi au Parlement.
Un impôt qui divise
Selon les estimations des écologistes, cette taxe pourrait rapporter entre 15 et 25 milliards d’euros de recettes annuelles à l’État. Mais pour le gouvernement, c’est « une très mauvaise idée qui va rater sa cible ».
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, craint notamment que ce nouvel impôt n’incite les plus fortunés à quitter le pays. « La première conséquence est que ces 2.000 personnes vont quitter la France », a-t-elle averti dans les colonnes du journal Les Echos.
Les biens professionnels dans le viseur
L’autre grief de la ministre concerne l’assiette de cet impôt, qui engloberait selon elle « l’outil de travail ». « Il est évidemment hors de question de taxer le patrimoine professionnel. Nous voulons que les entrepreneurs investissent et grandissent », a-t-elle insisté.
Un argument qui ne convainc pas l’économiste Gabriel Zucman, à l’origine de la proposition de loi. Sur les réseaux sociaux, il a fustigé cette « rhétorique forte » mais incohérente dans le contexte de l’imposition des ultra-riches.
Ce que les parlementaires du groupe Renaissance appellent « biens professionnels », ce sont les actions que possèdent MM. Arnault, Bolloré, Dassault ou Pinault.
Gabriel Zucman, économiste
Selon lui, exonérer ces titres, qui constituent l’essentiel de la richesse des grands patrons français, reviendrait à vider l’impôt de sa substance.
Un débat qui ne fait que commencer
Malgré le rejet du gouvernement, les partisans de cet impôt sur les ultra-riches ne comptent pas en rester là. L’examen de la proposition de loi à l’Assemblée nationale devrait relancer le débat sur les inégalités de patrimoine et la juste contribution des plus aisés.
Au-delà des clivages politiques, la question de la taxation optimale des grandes fortunes suscite de vifs débats parmi les économistes et divise l’opinion. Si certains y voient un levier pour réduire les inégalités et financer les services publics, d’autres craignent un effet dissuasif sur l’investissement et l’activité économique.
Une chose est sûre : le sujet promet encore de faire couler beaucoup d’encre dans les prochains mois. Avec en toile de fond l’éternelle tension entre justice fiscale et compétitivité, qui traverse la société française depuis des décennies.