À l’heure où la pollution plastique atteint des niveaux alarmants dans le monde entier, les négociations onusiennes qui se tiendront à Busan en Corée du Sud fin novembre s’annoncent cruciales. La France, en première ligne dans la lutte contre ce fléau, appelle de ses vœux un accord international ambitieux pour enrayer la crise. Mais la partie est loin d’être gagnée.
Un enjeu planétaire majeur
La pollution plastique est devenue l’un des plus grands défis environnementaux de notre époque. Chaque année, ce sont plus de 8 millions de tonnes de plastique qui finissent dans les océans, menaçant la biodiversité marine et contaminant toute la chaîne alimentaire. Face à l’urgence, la communauté internationale s’est engagée à négocier un traité contraignant d’ici à 2024 pour mettre fin à ce désastre écologique.
La France en pointe dans les négociations
Membre de la « coalition de haute ambition » qui réunit les pays les plus volontaristes, la France pousse pour un accord qui s’attaque à la racine du problème en limitant la production de plastique vierge. Une position loin de faire l’unanimité, beaucoup d’États préférant se concentrer sur le recyclage et la gestion des déchets. Pour Paris, c’est insuffisant.
Nous prônons un texte ambitieux, qui ne se contente pas d’augmenter l’effort de collecte et de recyclage, mais qui prend le problème à la racine en fixant des objectifs de baisse des productions de plastique.
Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique
La présence des ministres, un enjeu stratégique
Pour donner une impulsion politique dans la dernière ligne droite des pourparlers, la France juge indispensable la présence des ministres à Busan. Une façon de faire monter la pression sur les négociateurs et de dénouer les blocages. Mais pour l’heure, la Corée du Sud, qui accueille la réunion, n’a pas prévu de « segment ministériel », signe d’un manque d’ambition aux yeux de Paris.
Un traité a minima se profile-t-il ?
Le dernier texte en date qui servira de base aux négociations est jugé très en-deçà des attentes par les défenseurs de l’environnement. Il ne contient aucune mention d’une réduction de la production de plastique, se bornant à évoquer une utilisation « durable » de cette matière. De quoi faire craindre un accord au rabais, qui ne serait pas à la hauteur des enjeux.
L’UE mobilisée pour un résultat ambitieux
Conscients des obstacles, les Vingt-Sept ne baissent pas les bras pour autant. La Hongrie, qui assure la présidence tournante de l’UE, a appelé tous les pays européens à envoyer des membres de leurs gouvernements aux négociations, dans l’espoir de faire pencher la balance. Reste à savoir si cet effort collectif portera ses fruits.
À quatre mois de l’échéance fixée pour conclure le traité, la conférence de Busan s’annonce décisive. Entre les tenants d’un statu quo et les partisans d’un accord historique pour la planète, les dés ne sont pas encore jetés. Une chose est sûre : face à l’ampleur de la crise du plastique, le monde n’a plus le droit à l’erreur. L’avenir de nos océans et de notre environnement est en jeu.