Dans l’ombre de la campagne des élections législatives, une lutte fratricide déchire La France Insoumise. Alors que le parti de Jean-Luc Mélenchon affiche une façade unie, en coulisses, les coups bas se multiplient entre la direction et une frange de députés frondeurs, soutenus par une partie des militants. Au cœur de cette guerre interne : des pratiques discutables d’instrumentalisation de l’antiracisme pour discréditer les opposants, sur fond de désaccords stratégiques en vue de la présidentielle de 2027.
Un fichier militant “kidnappé”
Le dernier épisode en date de cette lutte intestine : la disparition mystérieuse du fichier des adhérents et sympathisants de LFI. Selon nos informations, ce précieux sésame électoral aurait été subtilisé par un groupe de frondeurs pour faire pression sur la direction. “C’est un véritable kidnapping, tempête un proche de Jean-Luc Mélenchon. Ils veulent nous forcer la main sur les investitures aux législatives.”
En réponse, la direction n’a pas hésité à lancer une purge interne pour identifier les responsables. “Des dizaines de militants et d’élus locaux ont été convoqués individuellement, soumis à un interrogatoire en règle, raconte un cadre sous couvert d’anonymat. La pression est maximale pour les faire craquer et dénoncer les coupables.”
L’antiracisme comme arme politique
Pour discréditer les députés frondeurs, la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon n’hésite pas à instrumentaliser la lutte antiraciste. “Dès qu’un élu s’oppose à la ligne, il est immédiatement accusé de tenir des propos ou d’avoir des fréquentations racistes, dénonce un parlementaire. C’est de la diffamation pure et simple, mais politiquement, ça peut tuer une carrière.”
“Cette instrumentalisation de l’antiracisme, ces oppositions entre «racisés» et blancs privilégiés, à terme tout ça explosera contre eux”, prédit un ancien de LFI.
Un ancien membre de La France Insoumise
Un autre raconte avoir été convoqué par le “comité de vigilance” du parti pour s’expliquer sur sa participation à un débat jugé “nauséabond” sur l’islam. “Alors que je milite contre l’islamophobie depuis des années, je me retrouve soudain soupçonné de connivence avec l’extrême droite!”
Désaccords stratégiques pour 2027
Derrière ces conflits de personnes, de profonds désaccords stratégiques minent le parti sur la ligne à tenir en vue de l’élection présidentielle de 2027. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon défendent l’idée d’une “union populaire” élargie, quand les frondeurs prônent un retour aux fondamentaux de la gauche radicale.
“Le problème, c’est que Mélenchon veut rassembler sur une ligne populiste qui ne parle plus qu’aux catégories populaires issues de l’immigration, au détriment des classes moyennes et des milieux populaires traditionnels, juge un député. Résultat, une partie de nos électeurs sont tentés par le RN ou la Nupes.”
En coulisses, la bataille fait rage pour le contrôle des investitures aux législatives et des postes clés du parti en vue de l’après-Mélenchon. Et à ce petit jeu, tous les coups semblent permis. Selon plusieurs sources, des cadres proches de la direction auraient commandité un “dossier” compilant des propos et des éléments à charge contre les députés frondeurs.
“C’est de la politique de caniveau, s’étrangle l’un d’eux. Ils sont prêts à tout pour nous salir et nous écarter. Certains ont même reçu des menaces voilées contre leurs proches.” Ambiance délétère…
Un parti qui se “passolinise”
Officiellement, Jean-Luc Mélenchon se tient au-dessus de la mêlée, laissant ses lieutenants régler leurs comptes. Mais en privé, il ne cache pas son agacement face à ces querelles intestines qui parasitent la préparation de sa “dernière bataille présidentielle”. “Toutes ces petites ambitions personnelles riquiqui, ça me fatigue”, aurait-il récemment confié à un proche.
“Le problème, c’est que le parti se “passolinise”. Aujourd’hui, on ne sait plus trop si on est de gauche ou de droite, si on défend les travailleurs ou les minorités… Il y a une vraie perte de repères idéologiques.”
Un député LFI
Selon plusieurs sources, le tribun aurait d’ailleurs programmé une grande “explication de texte” lors des prochaines journées parlementaires du mouvement fin août. L’occasion de recadrer sévèrement les frondeurs ? “S’il le faut, je mettrai tout le monde au pas, comme jadis à la gauche du PS”, aurait-il promis en petit comité. Le feuilleton des luttes fratricides insoumises est loin d’être terminé.
