Alors que la Syrie vient de connaître un changement de régime majeur avec la chute de Bachar el-Assad, la France a décidé de frapper des positions du groupe terroriste État islamique (EI) sur le territoire syrien ce dimanche. Cette intervention, la première depuis l’effondrement du régime, soulève de nombreuses questions sur les enjeux stratégiques et l’avenir de ce pays meurtri par des années de guerre civile.
La France maintient son engagement contre Daech
Malgré l’instabilité politique qui règne actuellement en Syrie, la France a tenu à réaffirmer son engagement dans la lutte contre le terrorisme. Comme l’a déclaré le ministre des Armées Sébastien Lecornu :
Dimanche, des moyens aériens français ont procédé à des frappes ciblées contre des sites de Daech sur le sol syrien. Nos armées restent engagées dans la lutte contre le terrorisme au Levant.
D’après le ministère, des avions de chasse Rafale et des drones Reaper ont délivré un total de 7 bombes sur deux objectifs militaires de l’EI dans le centre de la Syrie. La France participe à la coalition internationale anti-Daech depuis 2014 en Irak et 2015 en Syrie à travers l’opération Chammal.
Quel impact après la chute d’Assad ?
Le renversement de Bachar el-Assad par des forces rebelles sunnites radicales fin novembre a totalement rebattu les cartes en Syrie. Ce changement de pouvoir fait craindre une résurgence des activités de l’État islamique, qui était resté très actif dans la région même après la chute de son « califat » en 2019.
Face à cette menace, les États-Unis ont déjà annoncé mi-décembre doubler leurs effectifs militaires en Syrie, les portant à environ 2000 personnes. Washington veut s’assurer que l’EI « ne cherche pas à tirer profit de la situation pour se reconstituer dans le centre de la Syrie ».
Inquiétudes pour les minorités
Au-delà de la lutte anti-terroriste, l’évolution de la situation syrienne inquiète pour le sort des minorités ethniques et religieuses. La communauté alaouite, dont est issu Bachar el-Assad, craint des représailles. Des incidents fomentés par des djihadistes se multiplient alors que les milices pro-Assad commencent à faire le coup de feu.
De leur côté, les chrétiens de Syrie, dont le nombre n’a cessé de diminuer ces dernières années, redoutent de nouvelles persécutions. Comme l’alerte Aurélie Pirillo, conseillère LR de Paris :
Il est minuit moins une avant l’extinction du berceau du christianisme. L’Europe doit sortir de sa lâche indifférence.
Quel avenir pour la Syrie ?
La chute d’Assad ouvre une période d’incertitudes pour l’avenir de la Syrie. Le pays est désormais partagé entre le soulagement de voir la fin d’un régime oppressif et l’inquiétude d’une nouvelle déstabilisation. À Qunaya près d’Idlib, les habitants espèrent un nouveau départ malgré les craintes.
Nommé archevêque de Homs, Hama et Nebek par le Pape en mars 2023, Jacques Mourad, lui-même ex-otage de Daech, mène une vie ascétique pour rester solidaire des Syriens démunis. Il veut redonner confiance aux chrétiens et œuvrer au vivre-ensemble :
Nous voulons rester liés à nos frères.
De son côté, la Russie, soutien de longue date du régime Assad, cherche à garder un pied en Méditerranée en se tournant vers la Libye. Mais une présence militaire russe permanente en Cyrénaïque reste taboue pour les autorités libyennes.
Les frappes françaises de dimanche s’inscrivent donc dans un contexte syrien particulièrement complexe et fluctuant. Si elles visent à contrer une résurgence de Daech, elles ne peuvent à elles seules régler l’épineuse question de l’avenir politique et sécuritaire de la Syrie. Un défi de taille pour la communauté internationale dans les mois et années à venir.
