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La France face au risque d’une rétrogradation par Moody’s

La France retient son souffle. Ce vendredi, l'agence de notation Moody's rendra son verdict sur la note de la dette souveraine française. Un abaissement est redouté, en plein débat sur l'effort de 60 milliards d'euros prévu dans le budget 2025 pour réduire le déficit. Les conséquences pourraient être lourdes...

Ce vendredi est un jour crucial pour les finances publiques françaises. L’agence de notation Moody’s doit en effet rendre son évaluation de la note de la dette souveraine de la France. Un rendez-vous à haut risque pour le pays, fragilisé par la dérive de ses comptes publics. La question est sur toutes les lèvres : la note de la France va-t-elle être abaissée ou maintenue en l’état ?

Une rétrogradation redoutée en plein débat budgétaire

Cette décision de Moody’s intervient à un moment particulièrement sensible. En effet, l’Assemblée nationale est en plein débat sur le projet de budget 2025, qui prévoit un effort de 60 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 5% du PIB. L’objectif est clair : reprendre le contrôle d’une dette colossale qui ne cesse de gonfler. Mais cela suffira-t-il à convaincre Moody’s de ne pas abaisser la note française ?

La France actuellement mieux notée que ses voisins européens

Il faut savoir que Moody’s note actuellement la dette française “Aa2”, soit un cran au-dessus de ses concurrentes Fitch et S&P qui la placent en “AA-“. Beaucoup d’experts estiment que cet écart est de plus en plus difficile à justifier, au vu des performances macroéconomiques souvent inférieures de la France comparé à d’autres pays moins bien notés. Moody’s pourrait donc être tentée de s’aligner sur ses rivales, malgré une perspective “stable”.

Ce serait mieux pour la France que l’agence se contente d’abaisser la perspective à négative en maintenant la note inchangée. Mais la probabilité que Moody’s dégrade la note est très forte.

Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management

Quelles conséquences en cas de dégradation ?

Si Moody’s venait à abaisser la note française, cela pourrait avoir des répercussions négatives sur les taux d’intérêt auxquels le pays emprunte sur les marchés. D’après certains analystes, l’impact d’une dégradation resterait toutefois limité :

Souvent, l’impact d’une dégradation est insignifiant parce que les investisseurs sur les marchés étaient déjà au courant des problèmes du pays concerné et en tenaient déjà compte pour déterminer le taux d’intérêt exigé sur ses obligations.

Eric Dor

Il n’empêche que la situation financière de la France inquiète. Avec une dette publique qui frôle les 115% du PIB et un déficit qui peine à se résorber, le pays est « un des plus isolés en Europe en termes de déficit et de dette », selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Le gouvernement pris en tenaille

Pour tenter de préserver la crédibilité tricolore, le gouvernement mise sur une cure d’austérité en 2025, avec une réduction des dépenses publiques dont la France est championne en Europe, et des hausses d’impôts pour les entreprises et les ménages les plus aisés. Mais l’exécutif peine à faire passer ses réformes à l’Assemblée nationale, où il ne dispose que d’une majorité relative. Les atouts français comme une économie diversifiée ou des systèmes fiscal et bancaire solides « risquent d’être insuffisants » face à ces blocages politiques, prévient Eric Dor.

Des chiffres qui donnent le vertige

Concrètement, le gouvernement veut faire passer le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, avec l’objectif de revenir dans les clous européens (2,8%) d’ici 2029. Pendant ce temps, la croissance plafonnerait à 1,1% l’an prochain comme cette année, pénalisée par le plan de rigueur.

Malgré ces efforts, la dette publique continuerait d’enfler pour frôler la barre symbolique des 3000 milliards d’euros, soit presque le double de la limite des 60% fixée par Bruxelles ! De quoi donner le tournis. Le FMI a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, jugeant ces objectifs insuffisants et tablant sur un déficit qui stagnerait à 5,9% jusqu’en 2029 sans mesures supplémentaires.

Moody’s sous surveillance, les autres agences aussi

La décision très attendue de Moody’s ce vendredi intervient deux semaines après celle de Fitch, qui avait maintenu la note française mais abaissé sa perspective à négative, évoquant des « risques accrus » et exprimant des doutes sur le réalisme des prévisions budgétaires. Quant à Standard and Poor’s, elle avait dégradé en mai la note tricolore de “AA” à “AA-“. Son prochain verdict est attendu le 29 novembre.

Vous l’aurez compris, l’avenir de la note française est plus que jamais suspendu aux décisions des agences de notation. Et les prochaines semaines s’annoncent déterminantes pour savoir si le pays parviendra à préserver sa crédibilité sur les marchés financiers, malgré une situation économique et politique des plus précaires. Affaire à suivre !

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