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La France évite une crise financière malgré la censure

Malgré la chute du gouvernement, la France évite pour l'instant une crise financière redoutée. Mais avec un déficit qui se creuse et une croissance ralentie, les nuages s'amoncellent à l'horizon...

La France vient de traverser une semaine politique mouvementée avec la censure de son gouvernement. Si l’hypothèse d’une « crise financière » brandié par l’exécutif ne s’est pas matérialisée dans l’immédiat, elle plane toujours comme une épée de Damoclès au-dessus d’un pays dont les finances publiques apparaissent de plus en plus fragilisées.

Des marchés financiers étonnamment sereins

Pour l’instant, les investisseurs sont restés de marbre face à la crise politique française. Que ce soit en Bourse ou sur le marché obligataire où la France emprunte, le choc a été absorbé sans affolement. Le fameux « spread », écart de taux entre les emprunts français et allemands qui sert de baromètre de la confiance des investisseurs, a même diminué. L’euro et les actions françaises ont progressé.

Pourtant, la presse économique anglo-saxonne n’y est pas allée de main morte, évoquant une France entrée dans « l’inconnue » pour The Economist ou une « paralysie politique » pour le Wall Street Journal. Mais selon les analystes, les marchés avaient déjà largement anticipé cette instabilité et sont rassurés à l’idée que ni l’extrême gauche, ni l’extrême droite ne dirigeront le prochain gouvernement.

La France conserve des atouts

De plus, malgré ses difficultés, la deuxième économie de la zone euro conserve des points forts :

  • Une économie diversifiée
  • Un niveau d’épargne élevé
  • Un secteur financier puissant
  • La protection potentielle de la BCE en cas d’attaque sur sa dette

Un risque de dégradation graduelle

Cependant, au-delà d’un choc brutal, c’est le spectre d’une lente détérioration de la situation française qui inquiète. Depuis le début de l’année, les mauvaises nouvelles s’accumulent : un déficit public plus lourd que prévu, des difficultés à réaliser des économies, des perspectives politiques incertaines… Résultat, le « spread » avec l’Allemagne a doublé depuis mars, renchérissant le coût de la dette.

Tout pourrait très vite s’emballer

Aurélien Buffault, gérant obligataire

L’agence de notation Moody’s a d’ailleurs prévenu qu’elle envisageait d’abaisser la note de la France, craignant un cocktail « négatif » entre déficits élevés, dette alourdie et coûts d’emprunt en hausse. Sans compter qu’en l’absence de budget voté, la France risque un nouveau dérapage de son déficit, s’exposant aux remontrances de Bruxelles.

Des perspectives de croissance réduites

Surtout, cette incertitude politique risque de peser sur la croissance économique, en bridant consommation et investissements. La banque Goldman Sachs a revu à la baisse sa prévision de croissance française à 0,7% pour 2024, tandis que l’OCDE l’a abaissée de 1,2% à 0,9%.

Certes, la crise financière tant redoutée n’a pas eu lieu. Mais les nuages s’amoncellent au-dessus des finances publiques françaises. Et plus l’incertitude politique durera, plus le risque d’un dérapage incontrôlé augmentera. Le gouvernement, quel qu’il soit, va devoir s’atteler rapidement et courageusement au redressement des comptes publics. Faute de quoi, le répit actuel sur les marchés pourrait n’être que de courte durée.

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