Face à l’intensification du conflit en Ukraine, une question brûlante se pose : l’Europe est-elle prête à basculer vers une économie de guerre ? Alors qu’Emmanuel Macron a autorisé l’Ukraine à utiliser des armes françaises pour cibler le territoire russe, ouvrant ainsi la voie à une escalade, la capacité de l’Europe à mobiliser ses forces productives et ses financements est plus que jamais scrutée.
Un constat alarmant : l’Europe peine à produire ses propres armements
Aujourd’hui, force est de constater que l’Europe continentale n’est pas en mesure de produire elle-même les équipements militaires dont elle aurait besoin en cas de conflit majeur. Les industries de défense européennes souffrent de plusieurs maux :
- Des investissements insuffisants dans la R&D et l’innovation
- Une fragmentation du marché européen de la défense
- Des surcapacités industrielles et des doublons coûteux
- Un manque de standardisation et d’interopérabilité des équipements
Face à ce constat, les dirigeants européens tentent de sonner la mobilisation. Emmanuel Macron a ainsi affirmé en janvier 2024 que la France était entrée en “mode économie de guerre”. Mais passer des paroles aux actes s’avère un défi de taille.
Accélérer les cadences : un impératif industriel
Pour Sébastien Lecornu, ministre des Armées, l’urgence est claire : il faut accélérer les cadences de production. Quitte à menacer les industriels de réquisitionner “des personnels, des stocks ou des outils de production”. Mais changer de braquet ne se décrète pas. Cela implique :
- De sécuriser les approvisionnements en matières premières et composants critiques
- De former et recruter une main d’oeuvre qualifiée supplémentaire
- D’investir dans l’outil industriel pour augmenter les capacités
- De simplifier les procédures et raccourcir les délais de commande
Il faut comprendre qu’une économie de guerre ne se décrète pas du jour au lendemain. C’est un changement de paradigme complet.
Un expert de l’industrie de défense
Mobiliser les financements : un casse-tête budgétaire
Au-delà des enjeux industriels, c’est la question du financement de l’effort de guerre qui se pose avec acuité. Avec des budgets de défense déjà sous tension, trouver des marges de manoeuvre supplémentaires relève de la gageure. Plusieurs pistes sont évoquées :
- Augmenter les déficits et la dette publique
- Couper dans les dépenses publiques non militaires
- Instaurer de nouveaux impôts ou emprunts de guerre
- Mutualiser les coûts au niveau européen
Mais aucune de ces options n’est indolore. Dans un contexte économique déjà dégradé, avec une inflation élevée et une croissance atone, les marges de manoeuvre budgétaires sont étroites. Il faudra faire des choix difficiles et potentiellement clivants.
Vers une Europe de la défense enfin intégrée ?
Face à l’ampleur des défis, nombreux sont ceux qui appellent à une véritable intégration de l’Europe de la défense. Mutualiser les capacités industrielles et les commandes, développer des programmes en coopération, mieux se répartir les tâches… Autant de pistes pour gagner en efficacité et en souveraineté.
Mais les obstacles restent nombreux, entre réflexes nationalistes, intérêts industriels divergents et absence de vision stratégique commune. La guerre en Ukraine aura-t-elle raison de ces vieux démons ? L’avenir de la sécurité européenne en dépend largement.
Une économie de guerre ne s’improvise pas. Elle exige une mobilisation de tous les instants, des efforts considérables et une volonté politique sans faille. Les Européens en ont-ils la capacité et la détermination ? Les prochains mois nous le diront. Car le temps presse et les menaces s’accumulent. Il en va de notre liberté et de nos valeurs fondamentales.