Alors que la Syrie traverse une période charnière suite à la chute du régime de Bachar al-Assad ce week-end, le ministère français de l’Intérieur a annoncé lundi travailler sur une possible suspension du traitement des demandes d’asile émanant de ressortissants syriens. Une décision devrait être arrêtée rapidement selon une source proche du dossier.
En 2023, la France a enregistré plus de 4000 requêtes d’asile de Syriens d’après les derniers chiffres communiqués par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), organisme en charge de l’examen de ces demandes. Bien que sous tutelle administrative et financière du ministère de l’Intérieur, l’Ofpra assure opérer en toute indépendance dans le traitement des dossiers.
Le statut de réfugié en question
Selon la Convention de Genève de 1951, le statut de réfugié est accordé à toute personne craignant avec raison d’être persécutée dans son pays pour des motifs ethniques, religieux, de nationalité, d’appartenance à un groupe social ou d’opinions politiques. Un statut que la nouvelle donne syrienne pourrait remettre en question pour de nombreux demandeurs d’asile.
Sur fond de crise politique en France, avec un gouvernement démissionnaire en quête d’un nouveau Premier ministre, cette annonce a suscité de vives réactions. Le dirigeant du parti d’extrême droite Jordan Bardella a notamment fait part de ses inquiétudes quant à un potentiel « déferlement migratoire » suite au renversement du dictateur syrien.
Le ministère de l’Intérieur durcit le ton
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire en poste depuis plus de deux mois, avait érigé la question migratoire en priorité, plaidant pour une augmentation des expulsions et une réduction des attributions de titres de séjour. Une ligne dure qui semble perdurer malgré la vacance du pouvoir.
Divergences au sein du gouvernement
Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a nuancé les propos de Jordan Bardella, les qualifiant de « contresens absolu ». Selon lui, le retour des réfugiés syriens chez eux ne pourrait s’envisager qu’à condition que leur sécurité soit pleinement assurée, ce qui n’est pas encore le cas.
Cette transition politique doit permettre à ceux qui souhaiteraient revenir de le faire en toute sérénité.
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères
L’Allemagne emboîte le pas
Principal pays d’accueil des réfugiés syriens en Europe, l’Allemagne a elle aussi annoncé geler ses décisions sur les demandes d’asile. Un débat attisé par l’extrême droite et la droite conservatrice en pleine campagne électorale outre-Rhin.
Un sujet brûlant
La question des réfugiés syriens promet d’enflammer le débat politique français dans les prochaines semaines. Entre impératifs sécuritaires, considérations humanitaires et tentations électoralistes, le gouvernement devra trancher en composant avec une opinion publique divisée et une situation intérieure déjà explosive.
Une équation délicate qui pourrait avoir de lourdes répercussions sur les milliers de Syriens ayant trouvé refuge en France et espérant y construire une nouvelle vie loin des affres de la guerre. Des destins en suspens, tributaires de décisions politiques lourdes de conséquences.