La France est en passe de devenir une « start-up nation » grâce à la vitalité de son écosystème d’innovation. Cependant, selon Philippe Pouletty, fondateur du fonds d’investissement Truffle Capital et figure de proue de la tech française, cela ne suffit pas. Pour rester dans la course, notre pays doit maintenant transformer l’essai en faisant émerger des leaders mondiaux dans les secteurs clés de demain.
Investir dans l’innovation de rupture
Chaque année, le fonds Truffle Capital évalue près de 500 demandes de brevets issus des meilleures universités américaines et européennes. L’objectif : détecter les innovations de rupture et les transformer en entreprises à fort potentiel. Car pour Philippe Pouletty, c’est bien là que se joue l’avenir.
Le but n’est pas d’être la “start-up nation”, mais d’être capable de construire en France des leaders mondiaux dans les secteurs d’avenir. Et cela reste encore à prouver !
Philippe Pouletty, fondateur de Truffle Capital
Truffle Capital se concentre notamment sur les technologies répondant aux grands défis mondiaux comme la santé (obésité, AVC…) et le climat. Des secteurs où la France dispose de nombreux atouts, mais peine encore à faire émerger des géants à l’échelle internationale.
Les obstacles au passage à l’échelle
Malgré un dynamisme certain, les startups françaises se heurtent souvent à un plafond de verre quand il s’agit de passer à l’échelle mondiale. Selon une source proche de l’écosystème, lever plus de 100 millions d’euros demeure difficile en France, même pour une entreprise prometteuse de medtech, biotech ou autre technologie de pointe.
Résultat : beaucoup de pépites tricolores finissent rachetées par des géants étrangers avant d’avoir pu déployer tout leur potentiel. Un paradoxe pour un pays qui dispose pourtant d’une épargne abondante et d’une recherche de haut niveau.
Un changement de mentalité nécessaire
Pour libérer tout le potentiel de l’innovation française, un changement de mentalité s’impose. Il faut encourager les investisseurs, notamment institutionnels, à miser davantage sur les entreprises technologiques en phase d’hyper-croissance. Et inciter les chercheurs et entrepreneurs à voir plus grand d’entrée de jeu.
Il faut arrêter de penser petit. On doit avoir l’ambition de construire des leaders mondiaux quand on crée une boîte, pas juste de la revendre au bout de quelques années. C’est comme ça qu’on marquera vraiment notre époque.
Un entrepreneur du secteur des biotechnologies
Miser sur les secteurs d’avenir
Parmi les grandes tendances technologiques à venir, Philippe Pouletty mise beaucoup sur la santé du futur. Il a d’ailleurs co-fondé la société Caranx Medical, qui développe des mini-robots médicaux révolutionnaires. D’autres secteurs comme l’environnement, l’alimentation ou les mobilités recèlent aussi un immense potentiel d’innovation et de création de valeur.
Pour réussir, la France devra faire preuve d’audace et de constance. Le lancement en 2021 du plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros sur 5 ans, va dans le bon sens. Mais il faudra veiller à ce que ces investissements bénéficient prioritairement aux startups en phase d’accélération, celles qui portent les innovations de rupture.
Si nous réussissons ce pari, alors oui, la France s’imposera non plus seulement comme une « start-up nation », mais comme une puissance technologique de premier plan, capable d’influencer le cours des choses. Un défi à notre portée, pour peu qu’on s’en donne véritablement les moyens.
