Un coup de tonnerre vient de retentir dans le ciel économique français. Vendredi soir, l’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé qu’elle abaissait la note de la dette souveraine de la France, la faisant passer de “AA” à “AA-“. Une dégradation lourde de sens qui intervient à peine une semaine avant les élections européennes, alors que la majorité est déjà en difficulté dans les sondages.
Une sanction de la “détérioration budgétaire” française
Dans son analyse, S&P justifie sa décision en pointant du doigt “la détérioration de la position budgétaire” de la France. L’agence souligne que le déficit public hexagonal a été “nettement plus élevé que prévu” en 2023 et table sur un retour sous la barre des 3% du PIB repoussé au-delà de 2027, bien plus tard que les projections du gouvernement.
Selon les calculs de S&P, la dette publique française devrait continuer à enfler pour atteindre un pic à 113% du PIB en 2025. Un niveau record qui place l’Hexagone très au-dessus de la moyenne européenne, alors même que la plupart des pays voisins sont parvenus à réduire leur endettement depuis la crise du Covid.
Un déficit public abyssal en 2023
Cette dégradation intervient dans un contexte déjà préoccupant pour les finances publiques tricolores. L’année dernière, le déficit public a atteint l’astronomique niveau de 5,5% du PIB, un gouffre de 173 milliards d’euros pour les caisses de l’État. Un montant proche du record de 2020, en pleine crise sanitaire !
Le déficit a quasiment doublé en quatre ans. La comparaison avec 2019 est frappante.
– Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes
Le difficile redressement des comptes publics
Face à cette situation, Bruno Le Maire promet des économies. Dès cette année, 20 milliards d’euros d’efforts sont programmés, puis 20 autres milliards en 2025. Mais les pistes restent floues et les décisions douloureuses sont repoussées après les élections.
Surtout, les dernières projections montrent que sans mesures supplémentaires, le déficit ne reviendrait que très lentement sous les 3%. Selon le FMI, il faudrait au moins une réforme de l’assurance chômage pour atteindre cet objectif. Mais le déficit plus élevé que prévu de la Sécurité sociale risque de gommer les effets d’une telle réforme…
Quelles conséquences pour les marchés et les Français ?
Dès lundi matin, tous les regards seront tournés vers les marchés financiers. Comment les investisseurs réagiront-ils à cette dégradation de la note française ? Si une hausse des taux d’intérêt sur la dette serait une très mauvaise nouvelle, il est probable que l’appétit pour les obligations tricolores reste fort malgré tout.
Pour les Français, c’est surtout le risque d’un assainissement à marche forcée des finances publiques qui se profile. Entre hausses d’impôts et coupes dans les dépenses, le retour à des déficits plus raisonnables pourrait s’accompagner de lourds sacrifices et de douloureux renoncements. La pilule risque d’être difficile à avaler après des années marquées par les crises à répétition.
Cette dégradation sonne en tout cas comme un signal d’alarme pour le Gouvernement, à quelques jours d’un scrutin européen à haut risque. Les attaques de l’opposition sur la gestion calamiteuse des deniers publics risquent de redoubler, fragilisant encore un peu plus une majorité déjà chancelante. L’exécutif saura-t-il trouver les ressources pour redresser la barre et restaurer la crédibilité budgétaire tricolore ? L’avenir nous le dira, mais le défi s’annonce immense.