Quand Moody’s dégrade la note de la France, c’est tout un pays qui retient son souffle. La récente décision de l’agence de notation américaine a en effet de quoi inquiéter, même si notre pays conserve globalement la confiance des marchés pour l’instant. Mais pour combien de temps encore ? Analyse des conséquences économiques de ce déclassement et des efforts qui restent à fournir.
Un avertissement plus qu’une sanction
Si la dégradation de la note de la France par Moody’s n’est pas une surprise, elle n’en reste pas moins un signal préoccupant. Comme l’expliquait récemment une source proche du dossier :
Cette rétrogradation constate une vulnérabilité financière évidente de notre pays. Il ne s’agit pas que d’un avertissement, c’est déjà une appréciation très négative.
Concrètement, cette décision pourrait inciter certains investisseurs étrangers à placer leurs capitaux ailleurs et les investisseurs français à regarder au-delà de nos frontières. Mais la France garde malgré tout de solides atouts.
La France reste dans le club des bons élèves
Même dégradée, la note française figure toujours parmi les meilleures au monde selon les trois principales agences :
- Chez Moody’s, 12 pays conservent le précieux triple A. La France n’en fait certes plus partie mais reste devant des économies majeures comme le Royaume-Uni.
- Standard & Poor’s place encore 11 pays devant la France mais cette dernière devance là aussi le Royaume-Uni ou la Belgique.
- Enfin pour Fitch, la France compte toujours parmi les meilleurs élèves, même si elle n’est qu’à un cran de la catégorie inférieure.
Notre pays conserve donc globalement la confiance des marchés, en dépit de points de vigilance. Car au-delà des notes, ce sont bien les réalités économiques et budgétaires qui comptent.
Réduire la dette, un impératif absolu
Avec une dette publique dépassant les 3000 milliards d’euros et un déficit chronique, la France vit clairement au-dessus de ses moyens. Un constat que partage une large majorité de Français selon un récent sondage. Pour inverser la tendance, il faudra :
- Maîtriser la dépense publique, en rationalisant certaines aides sociales et le nombre de fonctionnaires
- Mener des réformes structurelles (retraites, marché du travail…) pour doper la croissance potentielle
- Regagner en compétitivité pour attirer les investissements et créer davantage de richesses
Des efforts indispensables pour préserver notre crédibilité budgétaire, rassurer durablement les marchés et éviter une spirale négative. La tâche s’annonce ardue mais le nouveau gouvernement semble déterminé à s’y atteler.
Vers la fin de la toute-puissance des agences de notation ?
Si les dégradations de Moody’s ou S&P restent scrutées et redoutées, force est de constater que l’influence des agences de notation n’est plus ce qu’elle était. Déjà remises en cause après la crise de 2008, elles voient leur pouvoir s’éroder un peu plus chaque année:
- Leurs verdicts font moins trembler les États et les marchés qu’auparavant
- De plus en plus de voix s’élèvent pour réguler et encadrer leurs activités
- De nouveaux acteurs émergent, notamment sur l’évaluation extra-financière
Une évolution qui ne doit pas pour autant conduire à négliger leurs avertissements. Car derrière les notes se cachent de vraies problématiques économiques et financières que la France doit impérativement traiter. Pour son avenir et celui des générations futures.