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La France continue d’emprunter malgré une conjoncture difficile

Les taux d'emprunt de la France s'envolent sur fond de défiance des marchés. Malgré un "spread" au plus haut, l'Hexagone continue de s'endetter massivement, au risque de...

En cette fin d’année 2024, les nuages continuent de s’amonceler au-dessus des finances publiques françaises. Malgré une conjoncture économique et politique particulièrement incertaine, la France persiste à emprunter à des niveaux records sur les marchés obligataires. Un pari risqué qui suscite l’inquiétude croissante des experts et des investisseurs.

Le « spread » au plus haut depuis la dissolution surprise

Ce vendredi 27 décembre, le taux d’emprunt français à 10 ans a franchi la barre symbolique des 3,2%. Dans le même temps, son équivalent allemand, référence en Europe, oscille autour de 2,38%. L’écart entre les deux, appelé « spread », a ainsi dépassé les 0,81 point de pourcentage, soit son plus haut niveau depuis l’annonce choc de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin dernier.

Un épisode qui avait déjà fait bondir les taux français, passés en quelques jours de 0,4%-0,5% à près de 1,6%. Depuis, loin de se résorber, cet écart n’a cessé de se creuser, témoignant de la défiance grandissante des marchés envers la signature tricolore.

Vers de nouveaux sommets en 2025 ?

Selon plusieurs analystes, le « spread » pourrait continuer sa course folle dans les mois à venir, et même atteindre de nouveaux records courant 2025. « Nous allons avoir droit à une grande volatilité dans les mois qui viennent, en attendant la mise en place des nouveaux programmes du gouvernement Bayrou et la dissolution de juin prochain, dont personne ne doute qu’elle aura lieu », prédit ainsi John Plassard, spécialiste de l’investissement chez Mirabaud.

Pour lui, les marchés ne voient pas « comment la France pourra réduire son déficit en 2025 dans le contexte politique actuel ». Un constat partagé par de nombreux observateurs, alors que les dernières prévisions font état d’un déficit public à 6,1% du PIB cette année selon le gouvernement, et même 6,2% selon Bruxelles, loin de l’objectif européen des 3%.

La France en procédure de déficit excessif

Face à ce dérapage, la Commission européenne a d’ailleurs placé la France sous procédure de déficit excessif début décembre. Une décision sans surprise, l’Hexagone affichant la pire performance des Vingt-Sept après la Roumanie.

Malgré les appels à la prudence budgétaire, le nouveau Premier ministre François Bayrou n’a pour l’instant évoqué qu’un objectif de déficit autour de 5% pour 2025, sans plus de précisions. De quoi entretenir le flou et nourrir la nervosité des investisseurs.

Regagner la confiance des marchés, un défi de taille

Dans ce contexte économique et politique pour le moins compliqué, la France va devoir redoubler d’efforts pour regagner la confiance érodée des marchés. Un défi de taille, alors que la majorité semble plus que jamais divisée sur les arbitrages budgétaires à effectuer.

Si le pays ne parvient pas rapidement à envoyer des signaux positifs, via un plan d’économies crédible et des réformes structurelles ambitieuses, il risque de voir sa signature se dégrader encore davantage, avec à la clé une envolée incontrôlée de ses taux d’emprunt. Un scénario noir qui plomberait un peu plus des finances publiques déjà exsangues.

Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’avenir économique et financier du pays. Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont plus droit à l’erreur s’ils veulent éviter le pire. Sans volonté politique ferme, la France continuera de payer au prix (très) fort la défiance des investisseurs, en empruntant toujours plus cher sur les marchés. Une spirale infernale qu’il sera ensuite bien difficile d’enrayer.

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