La question de l’immigration et de l’intégration est au cœur des débats en France. Selon une récente étude de l’Insee, le pays compte aujourd’hui 7,2 millions d’immigrés, soit 10,6% de la population. Mais au-delà de ce chiffre, c’est un autre constat qui interpelle : la France abrite également 8 millions de descendants d’immigrés, nés et ayant grandi sur le sol français. Et paradoxalement, ces derniers se disent autant, voire plus discriminés que leurs parents immigrés.
Un paradoxe de l’intégration qui questionne
Alors que la situation sociale des descendants d’immigrés est globalement meilleure que celle de la première génération, avec un niveau de vie et des conditions de logement plus favorables, leur ressenti vis-à-vis des discriminations est tout autre. Comme le souligne l’Insee, il existe un “paradoxe de l’intégration” pour les individus aux origines extra-européennes :
Alors qu’ils sont nés en France et y ont majoritairement effectué leur scolarité, ils déclarent plus souvent avoir subi des discriminations que les immigrés de même origine.
Ce vécu discriminatoire touche particulièrement les descendants d’immigrés originaires d’Afrique et d’Asie, avec 34% d’entre eux déclarant avoir été victimes de discriminations, contre 26% pour les immigrés de la première génération de mêmes origines.
Un sentiment de non-appartenance à la société française
Au-delà des discriminations vécues, c’est aussi le sentiment d’appartenance à la société française qui est en jeu. Selon l’étude, plus de 45% des immigrés estiment ne pas être perçus comme français. Si cette proportion est moindre chez leurs descendants (20%), elle grimpe tout de même à 29% pour ceux ayant des origines africaines ou asiatiques.
Ces chiffres mettent en lumière les défis persistants en matière d’intégration et de reconnaissance de la nationalité française pour les descendants d’immigrés. Malgré leur naissance et leur scolarisation en France, beaucoup se heurtent encore à des barrières invisibles et peinent à se sentir pleinement acceptés comme citoyens français à part entière.
Des origines qui pèsent sur le parcours et l’identité
Les écarts de vécu et de ressenti entre descendants d’immigrés européens et extra-européens sont particulièrement marquants. Alors que seuls 13% des descendants d’immigrés européens rapportent des expériences de discrimination, contre 19% pour les immigrés des mêmes origines, le schéma s’inverse pour ceux ayant des racines hors d’Europe.
Cette “pénalité” liée aux origines extra-européennes interroge sur la persistance des préjugés et des inégalités de traitement en fonction de l’ascendance migratoire. Elle met en exergue les défis spécifiques auxquels sont confrontés les descendants d’immigrés africains et asiatiques dans leur quête de reconnaissance et d’égalité.
Vers une société plus inclusive et égalitaire
Face à ce constat préoccupant, il apparaît urgent de renforcer les politiques d’intégration et de lutte contre les discriminations. Au-delà des mesures ciblant les primo-arrivants, il est essentiel de s’attaquer aux racines des inégalités qui touchent durablement les descendants d’immigrés.
Cela passe notamment par des actions en faveur de l’égalité des chances dès l’école, par la promotion de la diversité dans tous les domaines de la société, et par un travail de déconstruction des préjugés et des stéréotypes. C’est en œuvrant pour une société réellement inclusive et égalitaire que la France pourra offrir à tous ses enfants, quelle que soit leur ascendance, la reconnaissance et la place qui leur reviennent.
Car au final, le défi de l’intégration ne concerne pas seulement les immigrés et leurs descendants, mais bien l’ensemble de la société française. C’est en réaffirmant les valeurs de fraternité et d’égalité, au-delà des origines, que le pays pourra construire un avenir commun où chacun trouve sa place et se sente pleinement citoyen.