En 2024, la France a franchi un cap historique en matière de production d’électricité décarbonée. Selon le gestionnaire de réseau RTE, le pays a en effet atteint pour la première fois la barre des 95% d’électricité d’origine bas carbone. Une prouesse rendue possible grâce au redressement rapide du parc nucléaire et à l’essor continu des énergies renouvelables.
Le nucléaire, colonne vertébrale de la production électrique française
Avec 361,7 TWh produits en 2024, le nucléaire reste la première source d’électricité en France, représentant 67,4% du mix. Après une année 2022 difficile marquée par des problèmes de corrosion, la filière a su rebondir pour retrouver un niveau de production équivalent à celui d’avant-Covid.
Ce redressement rapide a été essentiel pour assurer la sécurité d’approvisionnement du pays et limiter le recours aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2. Il témoigne de la résilience et du savoir-faire de la filière nucléaire française.
Les renouvelables au plus haut
2024 a également été une année record pour les énergies renouvelables en France. Avec une production de 148 TWh, soit 27,6% du mix, l’éolien, le solaire, l’hydraulique et la biomasse n’ont jamais autant contribué à l’alimentation électrique des Français.
La filière éolienne a notamment connu une croissance soutenue, avec 46,6 TWh générés en 2024. Quant au solaire, il a poursuivi son développement rapide pour atteindre 23,3 TWh, dépassant pour la première fois la production cumulée des centrales à gaz et à charbon.
En 2024, pour la première fois, la production solaire a dépassé celle des centrales à gaz et à charbon cumulées.
RTE
Les énergies fossiles au plus bas
Conséquence directe de la montée en puissance du nucléaire et des renouvelables, les énergies fossiles ont atteint en 2024 leur niveau le plus faible depuis les années 1950. Les centrales à gaz n’ont ainsi produit que 17,4 TWh, contre 29,2 TWh en 2023. Même constat pour les centrales à charbon (0,7 TWh) et au fioul (1,8 TWh) qui ont été très peu sollicitées.
Cette baisse drastique de la production fossile est une excellente nouvelle pour le climat et la qualité de l’air. Elle montre que la transition énergétique française est bel et bien en marche.
Un nouveau record de production bas carbone en Europe
Avec 95% d’électricité décarbonée, la France fait figure d’exemple en Europe. Elle devance largement l’Allemagne, qui a atteint 59% de renouvelables en 2024 pour sa première année sans nucléaire, et le Royaume-Uni avec 58% de production bas carbone (45% de renouvelables et 13% de nucléaire).
| Pays | Part d’électricité bas carbone en 2024 |
|---|---|
| 🇫🇷 France | 95% |
| 🇩🇪 Allemagne | 59% |
| 🇬🇧 Royaume-Uni | 58% |
Ce leadership français s’explique par les choix stratégiques réalisés depuis des décennies en faveur du nucléaire, combinés plus récemment à une politique volontariste de développement des renouvelables. Un modèle qui suscite l’intérêt croissant de nos voisins européens face à l’urgence climatique.
Vers une électricité 100% décarbonée
Malgré ces excellents résultats, la France ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif du gouvernement est d’atteindre une électricité 100% décarbonée d’ici 2035, comme l’a rappelé le ministre de la Transition écologique.
Pour y parvenir, plusieurs leviers devront être actionnés :
- Prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires existants dans des conditions optimales de sûreté
- Accélérer le développement de l’éolien en mer
- Poursuivre le déploiement massif du solaire, y compris sur les grands parkings, délaissés routiers, etc.
- Optimiser la gestion de la demande via des solutions de flexibilité et d’efficacité énergétique
Si la France parvient à combiner avec succès ces différents leviers, elle pourrait devenir le premier grand pays à disposer d’une électricité totalement décarbonée. Un défi aussi exaltant que nécessaire face au dérèglement climatique.
Le bilan électrique 2024 marque donc une étape importante dans la transition énergétique française. Il montre qu’un système électrique décarboné à grande échelle est possible, à condition d’avoir une vision de long terme et une volonté politique forte. La France est aujourd’hui en pole position. À elle de transformer l’essai pour bâtir un avenir énergétique plus vert et plus durable.
