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La France Appelle la Syrie à Poursuivre la Lutte Antiterroriste

La France a envoyé des diplomates à Damas pour la première fois depuis 2012. Leur message aux nouvelles autorités syriennes : poursuivez la lutte antiterroriste et empêchez la dissémination des armes chimiques. La prudence reste de mise face à ce nouveau pouvoir dominé par des islamistes radicaux. Que réserve l'avenir pour la Syrie ?

Pour la première fois depuis plus d’une décennie, des diplomates français ont foulé le sol syrien ce mardi. Leur mission : amorcer le dialogue avec les nouvelles autorités de transition qui tentent de pacifier un pays meurtri par 13 années de guerre civile. Au cœur des discussions, un enjeu sécuritaire majeur pour la France et la communauté internationale : la poursuite de la lutte contre le groupe État islamique et la prévention de la prolifération des armes chimiques détenues par l’ancien régime.

Une transition politique sous haute surveillance

Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad il y a quelques mois, la Syrie est entrée dans une phase de transition politique délicate. Un nouveau pouvoir, dominé par des factions islamistes radicales, tente de s’imposer et de rassurer sur sa capacité à ramener la stabilité dans ce pays morcelé par le conflit. Mais la communauté internationale, France en tête, reste sur ses gardes.

Lors de leur visite à Damas, les émissaires français ont ainsi martelé leurs attentes. Selon une source proche du dossier, ils ont demandé aux nouvelles autorités de « poursuivre la lutte contre Daech et les autres groupes terroristes » et de garantir « la prévention de la dissémination des armes chimiques du régime syrien ».

La France sera attentive à ce que soient garantis les intérêts de sécurité collectifs.

Ministère français des Affaires étrangères

Une transition qui doit respecter les droits et aspirations du peuple syrien

Au-delà des enjeux sécuritaires, la France entend aussi peser pour que cette transition politique soit « pacifique, représentative de toutes les composantes de la société syrienne » et qu’elle « respecte les droits de tous les Syriens, y compris des femmes ». Paris souhaite également la protection des civils, des minorités ethniques et confessionnelles, ainsi que la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.

Autant d’éléments qui détermineront, à en croire le Quai d’Orsay, le niveau d’engagement futur de la France en Syrie. Une manière de mettre la pression sur les nouveaux dirigeants syriens, tout en leur tendant prudemment la main.

Vers une normalisation progressive des relations

Cette visite diplomatique marque un premier pas vers une normalisation des relations entre Paris et Damas, au point mort depuis le début du soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad en 2011. Un des objectifs de la délégation française était d’ailleurs d’évaluer les conditions d’une éventuelle réouverture de l’ambassade de France, fermée depuis 2012.

Mais le chemin sera long et semé d’embûches. Si la France, comme d’autres pays occidentaux, semble prête à renouer progressivement le dialogue avec la Syrie, elle compte bien garder un œil vigilant sur l’évolution de la situation et n’accordera sa confiance qu’au compte-goutte.

Daech affaibli mais toujours menaçant

La lutte contre le terrorisme sera un des principaux critères d’appréciation. Malgré sa défaite territoriale en Syrie et en Irak en 2019, l’organisation État islamique continue de mener des attaques ponctuelles depuis ses repaires dans le désert syrien, ciblant aussi bien les civils que les forces kurdes et celles de l’ancien régime.

Les nouvelles autorités syriennes devront démontrer leur détermination et leur capacité à contrer cette menace persistante. Un défi de taille pour ce pouvoir naissant qui cherche à asseoir sa légitimité, alors que le pays reste fragmenté entre différents acteurs et que les plaies de la guerre sont loin d’être refermées.

L’aide à la population, autre priorité française

Lors de sa visite, la délégation française a aussi rencontré des représentants de la société civile syrienne engagés dans l’aide à la population. La France entend en effet déployer rapidement des moyens pour « soutenir médicalement et psychologiquement les détenus libérés des prisons du régime » et « favoriser la lutte contre l’impunité des crimes commis ».

Un engagement qui témoigne de la volonté française de ne pas abandonner le peuple syrien après tant d’années de souffrances. Mais aussi un moyen de garder un levier d’influence alors qu’une nouvelle page de l’histoire tourmentée de la Syrie est en train de s’écrire.

Dans ce contexte post-conflit aussi fragile qu’incertain, chaque geste compte. En dépêchant ses diplomates à Damas, la France envoie un signal fort : elle est prête à accompagner la transition syrienne, mais pas à n’importe quel prix. Le respect des droits humains, la stabilité régionale et la sécurité collective restent, pour Paris, des lignes rouges non négociables.

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