Un gouffre semble désormais séparer la France en deux parties distinctes. C’est le principal enseignement qui ressort des élections législatives de 2024. D’un côté les grandes métropoles, bastions des partis progressistes. De l’autre, la France périphérique qui a massivement voté pour le Rassemblement National. Un clivage territorial et sociologique de plus en plus marqué qui soulève de nombreuses interrogations.
Les métropoles, îlots progressistes dans une mer bleue marine
Quand on observe la carte des résultats du premier tour des législatives, impossible de passer à côté du contraste saisissant. Les grandes villes comme Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes ou Toulouse apparaissent comme des oasis roses et vertes, seules rescapées de la vague RN qui a submergé la quasi-totalité du territoire.
Un phénomène qui ne date pas d’hier mais qui s’accentue élection après élection. Les citadins, plus jeunes, plus diplômés et plus connectés aux enjeux contemporains continuent de voter majoritairement pour les partis de gauche écologistes et les héritiers du macronisme. Pendant que le reste du pays sombre dans les bras des populistes.
La France périphérique, grande oubliée
Cette France des marges, qui englobe zones rurales, villes moyennes et quartiers populaires, se sent de plus en plus délaissée. Confrontée à la désertification des services publics, au déclin industriel et à l’insécurité culturelle, elle a l’impression d’être la grande perdante de la mondialisation.
Les ”gilets jaunes” étaient un premier signal d’alarme, que les pouvoirs publics n’ont pas su entendre. Aujourd’hui la colère s’exprime dans les urnes.
Michel Fourquet, politologue
Un ressentiment attisé par les discours du RN, qui surfe sur les peurs et promet un retour à l’âge d’or fantasmé. Marine Le Pen a su incarner cette France des oubliés et transformer leur mal-être en carburant électoral. Avec un succès indéniable.
Deux France irréconciliables ?
Entre ces deux France qui ne se comprennent plus, le fossé semble se creuser inexorablement. Au point de se demander s’il est encore possible de les faire dialoguer et cohabiter. Pourtant, il y a urgence à retisser le lien social entre territoires et populations.
- Réinvestir massivement dans les services publics de proximité
- Dynamiser les bassins d’emplois locaux pour endiguer l’exode vers les métropoles
- Revaloriser les initiatives citoyennes pour recréer du commun
Autant de pistes à explorer pour tenter de résorber cette fracture béante qui ronge le pays. Mais il faudra aussi du temps, de l’écoute et beaucoup de pédagogie pour apaiser les rancœurs et tourner la page de cette France à deux vitesses. Un défi immense pour le prochain quinquennat.