La commission chargée de superviser le secteur caritatif britannique vient de publier un rapport accablant sur la gestion de la fondation créée au nom du Capitaine Tom Moore, ce vétéran devenu un héros national pendant la pandémie de Covid-19. Les conclusions sont sans appel : la fille et le gendre de “Captain Tom”, qui géraient l’association, sont accusés de “manquements répétés en matière de gouvernance et d’intégrité”.
Une levée de fonds record qui avait ému le pays
Retour sur l’histoire extraordinaire de Tom Moore. Au printemps 2020, en plein premier confinement, ce vétéran alors âgé de 99 ans avait lancé un défi : parcourir 100 fois la longueur de son jardin avant son centième anniversaire pour récolter des fonds en soutien aux soignants. Son initiative avait déclenché un formidable élan de générosité. Au total, “Captain Tom” avait récolté l’incroyable somme de 38 millions de livres (plus de 45 millions d’euros), un record pour une collecte individuelle.
Pour pérenniser cet engagement, une fondation avait été créée, la “Captain Tom Foundation”. Mais le décès du vétéran en février 2021, qui avait suscité une vague d’émotion nationale et internationale, avait aussi conduit à un examen approfondi de la gestion de cette association caritative.
Des “manquements” répétés dans la gouvernance
Après 10 mois d’enquête, les conclusions du rapport de 30 pages de la commission de régulation sont accablantes pour la fille et le gendre de Tom Moore, Hannah Ingram-Moore et Colin Ingram, qui dirigeaient la fondation. Selon le directeur général de la commission, David Holdsworth, le rapport révèle “des manquements répétés en matière de gouvernance et d’intégrité”, qui relèvent d’un “comportement répété” et non d’incidents isolés.
“La mauvaise conduite et/ou la mauvaise gestion d’Hannah Ingram-Moore et de son époux n’a pas pris la forme d’un incident isolé, mais d’un comportement répété”
– Extrait du rapport de la commission de régulation
Profits personnels et abus du nom de l’association
Parmi les principales accusations, le rapport pointe la non-restitution à l’association des profits issus d’un contrat d’édition de livres sur Tom Moore, dont son autobiographie. Les gestionnaires sont aussi épinglés pour avoir utilisé abusivement le nom de la fondation afin d’obtenir un permis de construire pour un bâtiment sur leur propriété. Initialement destiné à abriter le siège de l’association, le projet avait ensuite évolué pour inclure un spa privé, provoquant un tollé médiatique.
Face à ces graves dysfonctionnements, la commission avait interdit en juillet dernier à Hannah Ingram-Moore et Colin Ingram d’exercer des fonctions de direction au sein d’associations caritatives. Une sanction qui n’empêche pas les intéressés de nier toute mauvaise intention et de contester les conclusions du rapport.
“Nous restons déterminés à préserver l’héritage de Captain Tom et voulons que le public sache qu’il n’y a jamais eu de détournement de fonds”
– Communiqué des époux Ingram-Moore
L’ombre d’un scandale sur l’héritage de “Captain Tom”
Au-delà des conséquences individuelles pour les gestionnaires mis en cause, cette affaire jette une ombre sur l’héritage de Tom Moore, dont l’engagement désintéressé avait fait un exemple national. L’utilisation douteuse de sa notoriété et des fonds levés en son nom constitue un véritable camouflet à la mémoire de ce héros des temps modernes.
Reste à savoir si l’association pourra se relever de ce scandale et continuer à faire vivre les valeurs de générosité et de solidarité incarnées par “Captain Tom”. Une chose est sûre : il faudra du temps pour restaurer la confiance et l’élan de soutien populaire suscités par ce vétéran hors normes.
