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La Finlande suspend son aide à la Somalie pour des expulsions bloquées

La Finlande gèle son aide à la Somalie pour forcer la coopération sur les expulsions de migrants illégaux. Une décision radicale pour débloquer des retours au point mort. Jusqu'où ira ce bras de fer ?

Dans un geste fort, la Finlande a décidé de suspendre temporairement son aide au développement à la Somalie. En cause : le manque de coopération des autorités somaliennes sur les expulsions de migrants en situation irrégulière. Le ministre finlandais du Commerce extérieur et du Développement, Ville Tavio, a annoncé que plus aucun nouveau financement ne serait accordé tant que des “progrès concrets” n’auront pas été réalisés sur ce dossier sensible.

Une pression financière pour forcer la main de Mogadiscio

Selon une source proche du dossier, entre 8 et 9 millions d’euros d’aide bilatérale prévus pour 2025 sont actuellement gelés. Helsinki maintient cependant ses engagements humanitaires et ses financements aux ONG sur place. Il s’agit avant tout d’un levier pour pousser le gouvernement somalien à faciliter le retour de ses ressortissants déboutés du droit d’asile en Finlande.

Le ministre Tavio souligne que la coopération en matière de retours forcés “n’a pas atteint un niveau suffisant”. Pour lui, il est du devoir d’un État de faire en sorte que toutes les personnes en situation irrégulière sur son territoire soient renvoyées vers leur pays d’origine, lorsque cela peut se faire en toute sécurité.

Un dossier migratoire sensible entre les deux pays

La communauté somalienne est l’une des plus importantes parmi les immigrés non-européens en Finlande. Beaucoup sont arrivés comme demandeurs d’asile dans les années 1990, fuyant la guerre civile. Mais avec le durcissement des politiques migratoires européennes, les autorités finlandaises cherchent à renvoyer ceux qui n’obtiennent pas de protection internationale.

Or les expulsions vers la Somalie sont compliquées. Le pays est toujours considéré comme instable et dangereux dans certaines régions. Mogadiscio traîne aussi des pieds pour réadmettre ses ressortissants, notamment en ne délivrant pas assez rapidement les laissez-passer consulaires nécessaires.

Un bras de fer qui pourrait durer

En suspendant une partie de son aide, la Finlande espère faire bouger les lignes. Mais la Somalie résistera-t-elle à ce chantage financier ? Rien n’est moins sûr. Les expulsions forcées sont très impopulaires dans le pays, et le gouvernement somalien doit aussi composer avec son opinion publique.

De son côté, Helsinki est sous pression de son électorat pour accélérer les retours de migrants illégaux. Avec l’extrême droite qui a fait une percée aux dernières élections et participe au gouvernement, la question migratoire est ultra sensible.

Cette suspension de l’aide au développement pourrait donc n’être qu’un premier acte dans un long bras de fer entre les deux pays. Si la situation se fige, la Finlande pourrait être tentée d’aller plus loin, en conditionnant par exemple d’autres aspects de sa coopération.

Mais couper complètement les ponts serait contre-productif. Sans dialogue et sans incitations, la Somalie ne sera guère encouragée à coopérer davantage. Un équilibre délicat à trouver pour Helsinki, entre fermeté et maintien des canaux diplomatiques.

Au-delà du cas somalien, un dilemme européen

Ce dossier illustre un problème plus large auquel sont confrontés de nombreux pays européens. Comment augmenter le taux de retour des migrants irréguliers vers des États peu enclins à les réadmettre ?

La conditionnalité de l’aide au développement est l’un des leviers souvent évoqués. Mais son efficacité reste à prouver. Et son usage à mauvais escient pourrait s’avérer contre-productif, en dégradant des relations bilatérales déjà compliquées.

Une approche au cas par cas semble indispensable, en mixant pressions et incitations adaptées à chaque pays tiers. Un vrai casse-tête pour l’Union européenne, qui peine à définir une ligne commune en la matière.

Le cas finlandais sera donc suivi de près. S’il aboutit à une amélioration concrète de la coopération somalienne, il pourrait faire des émules ailleurs en Europe. Mais si le bras de fer s’enlise, il risque au contraire de montrer les limites d’une approche purement coercitive sur un sujet aussi sensible que les retours forcés.

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