Face à la prolifération de la désinformation en ligne, la Finlande a choisi de s’attaquer au problème à la racine en enseignant à ses élèves, dès le plus jeune âge, à analyser de manière critique les contenus médiatiques et à déjouer les fausses informations. Une approche novatrice qui suscite l’intérêt bien au-delà des frontières du pays.
Des compétences civiques essentielles à l’ère du numérique
Dans les salles de classe finlandaises, les élèves apprennent à se poser les questions clés face au flux incessant d’informations : qui est à l’origine du contenu ? Quel est l’objectif ? Quelle est ma propre responsabilité dans la production et le partage d’informations ?
L’éducation aux médias est considérée comme une compétence civique cruciale pour renforcer la résilience de la société face à la désinformation. La Finlande a été l’un des premiers pays européens à définir une politique nationale dans ce domaine dès 2013, et depuis 2019, ces enseignements sont intégrés à toutes les matières du cursus scolaire.
Une approche collaborative impliquant toute la société
Le succès finlandais repose sur une mobilisation de l’ensemble des acteurs de la société : écoles, médias, entreprises, bibliothèques, musées… Tous participent à cet effort d’éducation auprès des 5,5 millions d’habitants. Cette synergie est facilitée par le haut niveau de confiance des Finlandais envers leurs institutions, qu’il s’agisse du gouvernement, des forces de l’ordre ou des médias.
L’éducation à l’information est essentielle pour renforcer la résilience de la société, et la Finlande l’a compris très tôt.
Anders Adlercreutz, ministre finlandais de l’Éducation
La Finlande, un modèle à suivre malgré les défis
Le pays nordique occupe la première place de l’Indice européen d’éducation aux médias depuis sa création en 2017. Cet indice compare chaque année la capacité de 41 pays à faire face à la désinformation, en se basant sur des critères comme la qualité de l’éducation, la liberté des médias et le niveau de confiance au sein de la société.
Malgré ces excellents résultats, la Finlande n’est pas à l’abri des campagnes de désinformation, notamment en raison de sa longue frontière avec la Russie. L’essor de l’intelligence artificielle soulève également de nouvelles inquiétudes quant à la capacité de manipuler l’information à grande échelle.
Former des citoyens éclairés pour une société démocratique
Dans les classes finlandaises, les élèves apprennent à vérifier les sources d’information sur les réseaux sociaux comme Tiktok ou Instagram, à avoir un esprit critique face au contenu sponsorisé qui peut influencer subtilement, et à lire entre les lignes des messages véhiculés par les médias.
L’objectif ultime de cette éducation aux médias, dont les prémices remontent aux années 1970 en Finlande, est de former des citoyens éclairés et responsables, capables de participer pleinement à une société démocratique à l’ère du numérique.
Le défi pour le pays est désormais de s’assurer que tous ses habitants, y compris une population vieillissante de plus en plus nombreuse, soient au fait des rapides évolutions du monde numérique et sachent détecter les fausses informations en ligne. Un enjeu de taille pour préserver sur le long terme les fondements de ce modèle éducatif unique au monde.