Au cœur des paysages enneigés de Laponie, à moins de 200 kilomètres de la frontière russe, résonnent les tirs d’artillerie. Pour la première fois depuis son adhésion à l’OTAN en avril 2023, la Finlande accueille un exercice militaire d’envergure sur son sol. Baptisé “Dynamic Front 25”, il s’agit du plus grand entraînement d’artillerie jamais organisé par l’Alliance atlantique en Europe.
Cet exercice aux airs de démonstration de force intervient dans un contexte géopolitique tendu. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a poussé la Finlande à abandonner des décennies de non-alignement militaire pour rejoindre l’OTAN. Avec ses 1300 kilomètres de frontière commune avec la Russie, le pays nordique se retrouve en première ligne face aux ambitions de Moscou.
Un entraînement stratégique en conditions extrêmes
Jusqu’à 3600 soldats venus de Finlande, des États-Unis, de Suède, de Grande-Bretagne, de France et d’autres pays membres de l’OTAN participent à ces manœuvres baptisées “Dynamic Front 25”. Dans le froid mordant de l’Arctique, ils s’exercent au maniement de l’artillerie lourde sur le plus grand champ de tir d’Europe, Rovajarvi, en Laponie finlandaise.
D’après le colonel finlandais Janne Makitalo, directeur de l’exercice, les conditions extrêmes et les terrains variés de la région arctique offrent un environnement idéal pour entraîner les troupes. Au programme : des échanges de tirs tactiques multilatéraux pour l’artillerie de campagne et un entraînement poussé à la gestion des défis du Grand Nord.
“Nous travaillons sur l’interopérabilité avec nos alliés, pour effectuer des tirs d’artillerie en cohérence avec nos alliés de l’OTAN”
explique Romain, capitaine de l’armée française et commandant de batterie du 93e régiment d’artillerie de montagne.
Consolider les liens entre alliés
Au-delà de l’entraînement militaire, cet exercice vise à renforcer la coopération et la coordination entre les membres de l’OTAN. Face à la menace russe, la Finlande entend démontrer sa capacité à s’intégrer pleinement au sein de l’Alliance atlantique.
L’interopérabilité est le maître-mot. Il s’agit de s’assurer que les différentes armées peuvent communiquer et agir de concert en toute circonstance. Un défi de taille qui nécessite des entraînements réguliers et poussés comme “Dynamic Front 25”.
Un message clair envoyé à Moscou
En accueillant cet exercice majeur, la Finlande envoie un signal fort à la Russie. Désormais membre à part entière de l’OTAN, le pays nordique bénéficie de la protection de l’Article 5 du traité de l’Atlantique Nord qui stipule qu’une attaque contre l’un des membres est considérée comme une attaque contre tous.
Cette démonstration de force intervient alors que les tensions sont vives à la frontière finno-russe. En décembre 2023, Helsinki a accusé Moscou d’orchestrer l’arrivée de migrants sans papiers pour déstabiliser le pays, poussant la Finlande à fermer sa frontière terrestre avec la Russie.
Une nouvelle donne stratégique en Europe du Nord
L’adhésion de la Finlande à l’OTAN, suivie de celle de la Suède, change la donne géostratégique en Europe du Nord. Elle permet à l’Alliance atlantique de consolider son flanc oriental et d’accentuer la pression sur la Russie.
Pour Moscou, c’est un revers cinglant. Le Kremlin voit l’OTAN se rapprocher dangereusement de ses frontières et son “étranger proche” lui échapper un peu plus. La Russie dénonce une provocation et agite la menace d’une escalade militaire dans la région.
Dans ce contexte, l’exercice “Dynamic Front 25” prend une dimension hautement symbolique. Il illustre la détermination de la Finlande et de ses alliés à défendre chaque pouce du territoire de l’OTAN, même dans les contrées les plus reculées et hostiles du Grand Nord.
Alors que les tirs d’artillerie résonnent dans la toundra lapone, c’est un message de fermeté qui est envoyé au maître du Kremlin. Un avertissement sans équivoque : toute tentative de déstabilisation ou d’agression se heurtera à une réponse unifiée et implacable de l’Alliance atlantique. L’ombre de l’OTAN plane désormais sur l’Arctique, et la Russie devra composer avec cette nouvelle réalité géopolitique.
