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La Finance Climatique au Cœur des Négociations de la COP29

La COP29 à Bakou négocie un accord crucial sur le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Qui va payer la note pour aider ces pays vulnérables à s'adapter et se développer durablement ? Les discussions s'annoncent tendues...

Alors que le monde fait face à une urgence climatique sans précédent, les dirigeants se rassemblent à la COP29 de Bakou pour tenter de débloquer les financements nécessaires à la transition des pays en développement vers un avenir plus durable. L’enjeu est de taille : trouver plus de 1000 milliards de dollars par an pour aider ces nations vulnérables à réduire leur dépendance aux énergies fossiles et à faire face aux catastrophes climatiques qui les frappent de plein fouet.

Des besoins colossaux pour les pays du Sud

Selon un rapport d’experts commandé par l’ONU, les pays en développement (hors Chine) auront besoin de 2400 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer leur action climatique. Environ deux tiers de cette somme devront être consacrés à la transition énergétique vers les renouvelables comme le solaire, tandis que le reste servira à l’adaptation au changement climatique, à la réparation des dégâts causés par les catastrophes et à la protection des écosystèmes.

Si une partie de cet argent proviendra des pays eux-mêmes, pas moins de 1000 milliards de dollars par an sont attendus de sources extérieures : aide publique des pays riches, investissements privés étrangers et éventuelles taxes mondiales. Un véritable « trillion » qui suscite de vives tractations en coulisses pour savoir quelle part incombera aux nations développées.

Ce serait entre 300 et 400 milliards de dollars par an, soit au moins un triplement de l’engagement précédent de 100 milliards.

Amar Bhattacharya, économiste et coauteur du rapport

Les pays riches remettent difficilement la main au pot

Malgré l’urgence, plusieurs pays développés traînent des pieds pour augmenter leur contribution. La France et l’Allemagne invoquent leurs difficultés budgétaires, tandis que les États-Unis menacent carrément de claquer la porte de l’accord de Paris. En 2022, les nations riches ont fourni 116 milliards de dollars d’aide climatique selon l’OCDE, remplissant avec deux ans de retard leur promesse initiale.

Mais en l’absence de définition claire de ce qui compte comme « finance climat », ce chiffre est contesté par les ONG et certains pays bénéficiaires. La rénovation énergétique d’un hôtel de luxe au Kenya peut-elle vraiment être incluse ? Un prêt qui endette davantage les pays pauvres est-il une véritable aide ?

La Chine et les pays du Golfe appelés à contribuer

Face aux réticences occidentales, tous les regards se tournent vers les nouveaux géants économiques pour qu’ils mettent la main au portefeuille. Selon le vice-Premier ministre chinois, son pays a déjà mobilisé 24,5 milliards de dollars depuis 2016 pour soutenir l’action climatique d’autres pays en développement, mais essentiellement sous forme de prêts.

Les pétromonarchies du Golfe restent quant à elles plutôt discrètes. Les Émirats arabes unis ont bien promis d’investir 30 milliards dans un fonds climatique, mais en gardant la mainmise dessus, loin du contrôle multilatéral prôné par l’ONU.

Un nouveau pacte nord-sud pour le climat ?

Au-delà des marchandages, la COP29 pourrait être l’occasion de redéfinir un partenariat plus équilibré entre pays riches et pays pauvres face au défi climatique. Les nations en développement réclament un soutien accru, mais aussi un meilleur accès aux technologies vertes et une plus grande appropriation des projets financés.

Certains experts plaident pour des solutions innovantes, comme une taxe mondiale sur les énergies fossiles ou les transactions financières qui alimenterait directement les fonds climat, ou encore l’annulation de dettes en échange d’investissements verts. Des pistes ambitieuses, mais qui peinent encore à s’imposer face au chacun pour soi qui domine souvent les négociations internationales.

Une chose est sûre : sans un accord ambitieux sur le financement de la lutte contre le réchauffement, c’est non seulement l’avenir des pays les plus vulnérables qui est en jeu, mais aussi notre capacité collective à maintenir le climat dans des limites viables pour l’humanité. Le succès de la COP29 se mesurera à l’aune des milliards débloqués, mais aussi de l’esprit de solidarité et de responsabilité qui aura prévalu. Un test grandeur nature pour une communauté internationale très divisée.

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