C’est un séisme politique qui vient de se produire en Syrie : après plus d’un demi-siècle de pouvoir sans partage, la dynastie Assad a été contrainte de quitter précipitamment le pays face à l’avancée fulgurante des rebelles. Un bouleversement majeur qui sonne le glas d’un règne qui aura profondément marqué l’histoire contemporaine syrienne.
Retour sur 54 ans de pouvoir familial
L’histoire des Assad à la tête de la Syrie débute le 16 novembre 1970, lorsque le général Hafez al-Assad, alors ministre de la Défense, s’empare du pouvoir par un coup d’État pacifique. Premier président issu de la minorité alaouite, il instaure rapidement un régime autoritaire.
Son règne sera ponctué de plusieurs conflits majeurs, dont la guerre contre Israël en 1973 pour tenter de récupérer le plateau du Golan, et une intervention militaire au Liban qui durera 30 ans. Sur le plan intérieur, Hafez al-Assad mène une répression impitoyable contre les opposants, notamment les Frères musulmans.
Bachar, l’héritier
À la mort d’Hafez al-Assad en 2000, c’est son fils Bachar qui lui succède, après une modification express de la Constitution. Élu sans surprise avec 97% des voix, le nouveau président suscite un bref espoir de libéralisation, vite douché par une nouvelle vague d’arrestations d’opposants.
Le début de la fin
En mars 2011, dans le sillage des Printemps arabes, une révolte populaire éclate en Syrie. Réprimée brutalement, elle se mue en une guerre civile dévastatrice impliquant puissances régionales et internationales. Malgré le soutien de Moscou et Téhéran, le régime perd progressivement du terrain.
Après un bref répit en mai 2023 avec la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, le coup de grâce survient en décembre 2024 : au terme d’une offensive éclair, les rebelles entrent dans Damas. Bachar al-Assad n’a d’autre choix que de fuir le pays avec sa famille, direction Moscou selon certaines sources.
Une page se tourne
C’est ainsi que s’achève abruptement plus d’un demi-siècle de règne de la famille Assad sur la Syrie. Un pouvoir qui aura été marqué par un autoritarisme implacable, de sanglantes répressions et une guerre civile dévastatrice. Pour le peuple syrien, une nouvelle ère pleine d’incertitudes s’ouvre.
La chute de Bachar al-Assad est une défaite cinglante pour la Russie et l’Iran, qui ont massivement soutenu le régime. Mais c’est surtout un immense défi pour les Syriens, qui vont devoir reconstruire un pays exsangue.
– Analyse d’une source diplomatique anonyme
De nombreuses questions restent en suspens : qui pour succéder aux Assad ? Comment réconcilier un pays profondément divisé ? Quel rôle pour les anciens soutiens du régime et les groupes rebelles ? Autant d’enjeux cruciaux pour l’avenir de la Syrie.
Une chose est sûre : le départ précipité de Bachar al-Assad et le démantèlement de l’édifice du pouvoir marquent un tournant majeur. Reste à savoir si les Syriens sauront saisir cette opportunité historique pour tourner définitivement la page de décennies de dictature et construire un avenir meilleur. Le chemin sera long et semé d’embûches.