C’est la fin d’un mystère qui a tenu en haleine la France entière pendant plus d’un an. Le corps sans vie de Lina, une adolescente de 15 ans portée disparue depuis septembre 2023, a finalement été retrouvé le 16 octobre dernier dans des circonstances troublantes. Immergé dans un ruisseau à 500 km du lieu de sa disparition, sa découverte soulève autant de questions qu’elle apporte de réponses.
La fin tragique d’une longue enquête
C’est dans un bois sinueux de la Nièvre que les restes de Lina ont été localisés, en contrebas d’un talus longeant une départementale. Un lieu isolé à des centaines de kilomètres de l’endroit où la jeune fille avait été aperçue pour la dernière fois, ce fameux 23 septembre 2023. Sa disparition avait déclenché une vaste chasse à l’homme, mobilisant d’importants moyens pendant de longs mois, en vain.
La macabre découverte met un terme au volet “disparition” de l’affaire, mais ouvre celui tout aussi mystérieux des circonstances du décès. L’heure est au recueillement pour la famille de Lina, qui a décliné les demandes d’interviews. Dans une poignante lettre transmise à “Sept à Huit”, sa cousine et plus proche confidente Louane a tenu à lui rendre hommage :
Lina, de l’espoir j’en avais. Un Noël sans toi, puis un anniversaire. Je rêvais que tu sois à mes côtés. Ce 16 octobre, un jour comme les autres pour moi. Et là je reçois ces messages : “Courage Louane”. C’est confirmé, tu n’es plus parmi nous. Tu es un ange au ciel, en paix, qui veille sur nous. Je t’aime si fort.
Louane, cousine de Lina
Sur les traces du suspect
Si la cause exacte de la mort reste à déterminer, les enquêteurs ont rapidement remonté la piste d’un suspect, Samuel Gonin, un père de famille de 43 ans connu pour sa bipolarité. Déjà repéré sur des images de vidéosurveillance près du lieu de la disparition de Lina, il n’a cependant jamais pu être interrogé.
En effet, l’homme s’est donné la mort le 10 juillet 2024, laissant une simple lettre d’adieu : “J’ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité. Je pars car je ne sais pas me contrôler. Je souffre trop, c’est mieux ainsi”, sans jamais mentionner Lina. Un suicide qui laisse un goût amer à tous ceux qui espéraient des réponses.
Un faisceau de preuves accablant
Ce sont finalement les experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie qui ont pu faire “parler” le principal indice : la voiture de Samuel Gonin, une Ford Puma grise volée en Allemagne peu avant la disparition de Lina. Retrouvée à Narbonne en janvier 2024, la fouille minutieuse du véhicule s’est avérée décisive.
Dans le coffre, un ADN mêlant ceux de Lina et de son kidnappeur présumé a été détecté sur une corde et la banquette arrière. Le sac à main de l’adolescente était quant à lui dissimulé dans la boîte à gants. La boucle semblait bouclée, comme l’a confirmé l’analyse de la boîte noire : le 23 septembre à 11h26, à l’instant où le téléphone de Lina s’éteignait, Samuel Gonin était bien sur place.
De troublantes zones d’ombre
Un scénario qui semble se dessiner mais qui comporte encore de nombreuses inconnues. L’autopsie révèlera-t-elle des violences subies par Lina ou la cause exacte du décès ? Le mystère reste entier sur ce qui a pu se passer entre l’enlèvement présumé et la dissimulation du corps.
Autre interrogation : quel a été le rôle exact de Samuel Gonin dans cette sordide affaire ? L’acte isolé d’un déséquilibré comme le laisse penser son passé ? Ou une machination plus complexe ? Beaucoup s’interrogent sur un potentiel lien avec la première disparition de Lina quelques mois auparavant, qui s’était soldée par un retour au domicile sans explication.
Autant de questions qui resteront sans doute sans réponses, emportées dans la tombe par le principal suspect. Ne reste plus qu’à la famille de Lina la douleur d’un deuil brutal et le souvenir d’une adolescente décrite comme “joyeuse et pleine de vie” par ses proches. Sa mère confie : “Notre peine est immense mais nous devons rester dignes, pour Lina. Elle mérite qu’on se souvienne d’elle pour son sourire, pas pour ce drame”. Une façon pour eux de tenter de refermer ce terrible chapitre.
