C’est un coup dur pour les partisans d’une nouvelle ère ferroviaire. Midnight Trains, start-up qui ambitionnait de lancer des trains de nuit haut de gamme depuis la France, a annoncé jeter l’éponge. Faute d’investisseurs et de soutien des pouvoirs publics, le projet ne verra pas le jour. Un échec symptomatique des difficultés rencontrées par les nouveaux entrants sur le marché du rail.
La Grande Ambition des Petits Poucets du Rail
Lancée en 2019, Midnight Trains avait un objectif audacieux : réinventer le train de nuit pour concurrencer l’avion. Avec des rames modernes offrant des chambres privatives confortables, la compagnie voulait proposer une alternative désirable aux liaisons aériennes de 800 à 1500 km. Paris-Venise devait être la première destination.
Nous voulions offrir une alternative désirable à tous ceux qui souhaitent continuer de voyager sans bousiller la planète.
Adrien Aumont, cofondateur de Midnight Trains
Mais le pari était risqué. Lancer une compagnie ferroviaire nécessite des investissements colossaux, surtout pour acquérir du matériel roulant. Malgré une première levée de fonds, Midnight Trains n’a pas réussi à convaincre suffisamment d’investisseurs pour franchir l’étape cruciale.
Les Freins au Développement des Trains Privés
Pour les porteurs du projet, cet échec révèle le manque d’incitations pour les nouveaux acteurs ferroviaires. Contrairement à d’autres secteurs comme les énergies renouvelables, il n’existe pas de mécanismes pour “dérisquer” les investissements dans le train. De quoi décourager les investisseurs.
Midnight Trains pointe aussi du doigt l’ouverture en trompe-l’oeil du marché ferroviaire européen. Malgré les directives sur la concurrence, le secteur reste façonné par et pour les opérateurs historiques nationaux. Un frein pour les start-ups innovantes.
L’Avenir en Suspens du Ferroviaire Alternatif
Avec l’abandon du projet Midnight Trains, c’est tout un pan de l’innovation ferroviaire qui est remis en question. D’autres compagnies alternatives, comme la coopérative Railcoop, rencontrent aussi des difficultés pour s’imposer face aux mastodontes du secteur.
Pourtant, à l’heure de l’urgence climatique, le train de nuit incarne une solution d’avenir pour décarboner les voyages. Son succès public ne se dément pas, comme l’ont prouvé les nouvelles lignes de nuit lancées par la SNCF. Mais faute de réelle politique de soutien, le modèle économique reste fragile.
L’échec de Midnight Trains sonne donc comme un avertissement. Sans un écosystème favorable, le développement d’un ferroviaire alternatif privé a du plomb dans l’aile. Un paradoxe à l’heure où le train est plébiscité comme un transport d’avenir, écologique et désirable. De quoi questionner la volonté politique de faire vraiment du rail le fer de lance des mobilités durables.
