Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de revendiquer un « esprit de disruption », une volonté de bousculer le statu quo par des réformes ambitieuses. Pourtant, au crépuscule de son second mandat, le chef de l’État semble contraint de revoir ses ambitions à la baisse, confronté à une instabilité politique chronique.
Un président affaibli par l’émiettement de sa majorité
Depuis les élections législatives de 2022, Emmanuel Macron peine à imposer son agenda réformateur. Ne disposant que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, l’exécutif se heurte en permanence à l’opposition des autres groupes parlementaires. Une situation inédite sous la Vème République, qui oblige le gouvernement à composer, voire à renoncer à certains projets phares.
Cette paralysie s’est encore accentuée avec les récentes élections législatives anticipées. Loin de clarifier le paysage politique, ce nouveau scrutin a débouché sur un morcellement encore plus grand de l’hémicycle. Avec comme premier groupe la coalition de gauche baptisée « Nouveau Front Populaire », mais toujours sans majorité absolue pour gouverner.
Vers une grande coalition façon allemande ?
Face à cette impasse, Emmanuel Macron a appelé dans une « lettre aux Français » à la formation d’une « grande coalition » sur le modèle allemand, rassemblant les « forces républicaines » du pays. Une main tendue à la droite et à la gauche modérée, pour tenter de construire une majorité de projet.
Mais cette option, qui diluerait encore un peu plus la ligne politique présidentielle, est loin de faire l’unanimité, y compris dans la majorité. Beaucoup craignent qu’Emmanuel Macron ne soit réduit à un rôle de gestionnaire, contraint d’abandonner ses grandes ambitions réformatrices.
Sans majorité claire pour gouverner, le chef de l’État semble renoncer à «l’esprit de disruption» qu’il revendique depuis 2017.
Le Figaro
Un président « canard boiteux » en fin de mandat
Cette perte de contrôle sur l’agenda législatif intervient au pire moment pour Emmanuel Macron. Arrivé dans la dernière ligne droite de son mandat, il est déjà perçu comme un « canard boiteux », pour reprendre l’expression consacrée outre-Atlantique.
Non rééligible en 2027 du fait de la limitation à deux mandats consécutifs, le président voit inexorablement son capital politique s’éroder. De quoi encourager certains prétendants dans son camp à prendre leurs distances, en vue de la prochaine échéance présidentielle.
Le crépuscule du « disrupteur » Macron
Arrivé en 2017 avec la promesse de « disrupter » la vie politique française, Emmanuel Macron semble aujourd’hui bien loin de cette ambition originelle. Englué dans les compromis et le jeu des coalitions, il apparaît paradoxalement comme un président traditionnel, gérant les affaires courantes plus qu’il ne transforme le pays.
Une posture en décalage avec l’image du jeune réformateur audacieux qu’il a cultivée pendant des années. Le risque pour lui est de voir son quinquennat s’achever en eau de boudin, sans réformes structurelles majeures à mettre à son actif. Un crépuscule amer pour celui qui rêvait de réconcilier les Français avec la politique par le volontarisme et le dépassement des clivages traditionnels.