L’avenir de la relation transatlantique, pilier de la sécurité européenne depuis 1945, n’a jamais semblé aussi incertain. Au lendemain de la conférence sur la sécurité de Munich, diplomates et analystes s’interrogent : l’Europe peut-elle encore compter sur les États-Unis pour assurer sa défense ?
Le discours disruptif du vice-président américain JD Vance a secoué les fondations mêmes de cette alliance historique. Accusant les Européens de malmener la démocratie et la liberté d’expression, il a clairement signifié que Washington ne souhaitait plus être le principal garant de la sécurité sur le Vieux Continent.
Un Paysage Géopolitique Chamboulé
La fin de la Seconde Guerre mondiale, puis la Guerre froide, avaient dessiné un ordre international clair. Américains et Européens partageaient des valeurs communes inébranlables, avec l’ONU comme arbitre. Mais la nouvelle administration US rebat les cartes, menaçant ce socle pourtant solide.
Face à ce choc, les Européens peinent à réagir. Christoph Heusgen, président de la conférence de Munich, a fondu en larmes, évoquant des « valeurs communes » qui ne seraient « plus si communes ». Un symbole fort de la désorientation des élites du continent.
Vers un Divorce Américano-Européen sur l’Ukraine ?
La question ukrainienne cristallise ces tensions. Alors que Kiev recule depuis l’été 2024, la perspective d’un accord de paix orchestré en tête-à-tête par Washington et Moscou effraie l’Europe. Lundi, dirigeants de l’UE et de l’OTAN se réunissaient à Paris pour tenter de définir une ligne commune. Pendant ce temps, Russes et Américains préparent un sommet Trump-Poutine en Arabie saoudite.
Nous sommes dangereusement proches du pire des scénarios. Trump est prêt à donner à Poutine une grande partie de ce qu’il désirait, sans rien demander en retour.
Phillips O’Brien, professeur d’études stratégiques à l’Université de St Andrews
L’Europe Acculée à Repenser Sa Défense
Ce séisme géopolitique interroge jusqu’à la survie de l’OTAN. Pour Timothy Garton Ash, professeur à Oxford, le message de Washington est limpide : les Européens ne peuvent plus compter sur le soutien sécuritaire US. Ils devront massivement augmenter leurs dépenses militaires et nouer de nouvelles alliances.
Mais le défi est immense pour une Europe historiquement rétive à se doter d’une défense commune et lente à s’adapter aux bouleversements géostratégiques. Les dirigeants du continent semblent tétanisés, incapables d’anticiper le retour de Trump malgré sa probabilité statistique.
Nous devons nous calmer et réfléchir en profondeur à ce qui s’est passé ici. Nos capacités ne suffisent pas. J’ai peur qu’après quelques jours, nous retournions à nos affaires habituelles.
Edgars Rinkevics, président letton
75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe voit s’éloigner l’allié qui l’avait sauvée de la barbarie nazie. Un sursaut s’impose pour éviter la marginalisation et le chaos sur un continent fragile. Les larmes de Munich doivent être un électrochoc, pas le chant du cygne du projet européen.
